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Perspectives électorales – La participation électorale des groupes ethnoculturels

Perspectives électorales – Décembre 2006

Message du directeur général des élections
La participation électorale des groupes ethnoculturels

Jean-Pierre Kingsley
Directeur général des élections du Canada


Jean-Pierre Kingsley

Jean-Pierre Kingsley
Directeur général des élections du Canada

Près d'un Canadien sur cinq est né à l'étranger, mais l'attitude des nouveaux citoyens et des groupes ethnoculturels quant au vote, de même que leur taux de participation aux élections fédérales, sont relativement mal connus. Il m'a donc semblé important d'étudier plus à fond ce sujet, afin d'adapter les services d'Élections Canada aux besoins de ces électeurs. On présume souvent que les immigrants votent moins que les électeurs nés au Canada, mais le présent numéro de Perspectives électorales révèle une situation considérablement plus complexe.

Selon les auteurs publiés dans les pages qui suivent, la participation des membres des divers groupes ethnoculturels du Canada, qu'ils soient natifs du Canada ou non, serait en effet influencée par leur patrimoine culturel, leur origine ethnique, leur intérêt pour la politique, leurs sources d'information, leurs études, leurs revenus, leur âge et le nombre d'années qu'ils ont passées au Canada. Par ailleurs, on constate des écarts, non seulement entre les populations immigrantes et les Canadiens de naissance, mais également à l'intérieur des groupes ethnoculturels eux-mêmes, dont les minorités visibles.

Je souhaite remercier les auteurs publiés dans le présent numéro. Jack Jedwab, de l'Association d'études canadiennes, et l'équipe de l'Étude électorale canadienne comparent dans leurs articles respectifs la participation des immigrants et des Canadiens de naissance, et cherchent à expliquer les écarts. De leur côté, Jerome H. Black, de l'Université McGill, et Bruce M. Hicks, de l'Université de Montréal, analysent un sondage mené auprès des candidats fédéraux sur la représentation des minorités visibles au Parlement.

On trouve aussi dans les pages qui suivent trois études de cas très intéressantes : Andrew Matheson (M.A., Études en immigration et peuplement, Université Ryerson) examine la représentation politique canadienne des Sud-Asiatiques, notamment en banlieue de Toronto; Carolle Simard, de l'Université du Québec à Montréal, discute de l'engagement politique de plusieurs groupes de nouveaux Canadiens à Montréal; et Yasmeen Abu-Laban et Linda Trimble, de l'Université de l'Alberta, se penchent sur la couverture accordée par les médias imprimés aux musulmans canadiens lors des dernières élections fédérales.

Enfin, les horizons ouverts par ces articles sont complétés par le texte d'Antoine Bilodeau et de Mebs Kanji, de l'Université Concordia, sur la participation politique des immigrants dans plusieurs démocraties d'origine anglaise, et celui de Rafael López-Pintor, consultant électoral international, sur les mesures d'incitation au vote dans les situations d'après-conflit ou de clivage interethnique.

Depuis 1988, dans le cadre de son programme de rayonnement global, Élections Canada prend des mesures visant spécialement les groupes ethnoculturels. Nous avons adopté une approche dont les cinq fondements sont le leadership, les partenariats, la recherche, les communications et les initiatives opérationnelles.

Nos initiatives de communication avec les collectivités ethnoculturelles, limitées au début à la publication d'annonces en 10 langues dans les journaux communautaires, ont depuis pris beaucoup d'ampleur. « Mon avenir, mon vote » a été le thème de notre campagne de publicité à l'élection de 2006. Des messages ont été placés en 25 langues dans des journaux ethnoculturels et en 23 langues sur les ondes de stations de radio ethnoculturelles. Des messages télévisés grand public en français et en anglais ont été adaptés avec voix hors champ en 12 langues. Par ailleurs, nous avons répondu à près de 80 000 demandes de guides d'information de l'électeur, document que nous avons produit en 26 langues. De même, notre réseau de distribution s'est agrandi, avec l'aide des associations communautaires et des bureaux de la citoyenneté.

Sur le plan opérationnel, les directeurs du scrutin peuvent nommer des agents de relations communautaires qui les aident à répondre aux besoins des différentes collectivités ethnoculturelles et à favoriser leur participation. À l'élection de 2006, 64 agents ont été nommés pour desservir 53 circonscriptions comptant une importante population ethnoculturelle. Ces agents, en partenariat avec les collectivités visées et leurs associations, ont mené des initiatives de rayonnement et distribué de l'information sur l'inscription et le vote. Les directeurs du scrutin ont également embauché du personnel représentatif des électeurs, notamment des préposés au scrutin qui parlaient leurs langues et, dans certains cas, des interprètes.

Dans le domaine de la recherche, Élections Canada a récemment fait rédiger une étude de réflexion sur la participation électorale des collectivités ethnoculturelles, et sur le rayonnement mené à leur intention, au Canada et ailleurs. Dans son étude, Mme Livianna Tossutti, de l'Université Brock, analyse l'Enquête sur la diversité ethnique réalisée par Statistique Canada en 2002, et apporte une perspective nuancée. Elle révèle que, toutes les autres variables étant contrôlées, les nouveaux arrivants ont moins voté à l'élection générale de 2000 que les immigrants établis. De même, le taux de participation des immigrants appartenant à certaines minorités visibles a été plus élevé que celui des membres de la même collectivité nés au Canada. Mme Tossutti considère que le Canada est un chef de file dans le monde de l'éducation des électeurs, mais recommande qu'il adapte ses initiatives de rayonnement aux groupes ethnoculturels d'origine non européenne et aux membres de minorités visibles nés au Canada. Élections Canada publiera l'étude de Mme Tossutti au printemps 2007.

Élections Canada reconnaît qu'il est de plus en plus important de faciliter la participation des collectivités ethnoculturelles au système électoral. Forts des conclusions et des recommandations de Mme Tossutti, nous entendons préciser nos initiatives de rayonnement dans le cadre d'un plan stratégique à long terme. Nous amplifierons également nos consultations et nos partenariats avec les collectivités et les organisations ethnoculturelles. Notre but ultime est de mettre en œuvre une stratégie de rayonnement efficace et anticipatrice, qui garantira à tous les électeurs – peu importe leur origine ethnique ou leur langue maternelle – l'accès facile au vote. À cet égard, les articles du présent numéro nous seront d'une aide précieuse.

Jean-Pierre Kingsley


Note : 

Les opinions exprimées par les auteurs ne reflètent pas nécessairement celles du directeur général des élections du Canada.