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Pourquoi la participation décline aux élections fédérales canadiennes : un nouveau sondage des non-votants


8. La réforme électorale

Trois questions du sondage portaient sur les attitudes en matière de réforme électorale. Une des raisons avancées pour expliquer une partie de la diminution de la participation électorale est la désaffection de la population envers le système uninominal majoritaire à un tour, à cause duquel certains partis peuvent se trouver incapables de remporter le nombre de sièges correspondant au pourcentage de votes reçus. Les défenseurs des systèmes de représentation proportionnelle font valoir que ceux-ci donnent une image plus juste, au Parlement, du soutien accordé aux partis. Ils contribueraient ainsi à maintenir l'intérêt et la participation de la population en assurant une représentation équitable et en donnant aux petits partis la possibilité de faire élire des membres, même s'ils ne peuvent espérer former eux-mêmes le gouvernement.




Tableau 39 Satisfaction envers le système électoral actuel, en fonction du vote de 2000 (en pourcentage)


  Voté en 2000? Total
Oui Non
Très satisfait
32,8
24,9
28,7
Assez satisfait
47,9
55,5
51,9
Peu satisfait
12,3
12,8
12,6
Pas du tout satisfait
7,0
6,7
6,9
 
100,0
100,0
100,0
V = 0,091    p<0,001




Tableau 40 Appui à la représentation proportionnelle, en fonction du vote de 2000 (en pourcentage)


  Voté en 2000? Total
Oui Non
Entièrement d'accord
29,0
20,5
24,5
Passablement d'accord
42,4
50,8
46,9
Passablement opposé
17,7
19,5
18,7
Entièrement opposé
10,9
9,2
10,0
 
100,0
100,0
100,0
V = 0,110    p<0,000




Tableau 41 Appui au vote obligatoire, en fonction du vote de 2000
(en pourcentage)


  Voté en 2000? Total
Oui Non
Entièrement d'accord
22,3
11,9
16,7
Passablement d'accord
25,5
20,5
22,8
Passablement opposé
22,0
23,9
23,0
Entièrement opposé
30,2
43,7
37,4
 
100,0
100,0
100,0
V = 0,177   p<0,000


Le tableau 39 montre la réaction des répondants lorsqu'on leur demandait s'ils étaient satisfaits du système électoral canadien. La question était précédée d'un court préambule expliquant qu'aux élections canadiennes, « les gens votent dans une circonscription électorale, et le candidat ayant obtenu le plus de vote gagne ». Cette formulation assurait que les gens portaient leur attention sur le fonctionnement du système électoral actuel au moment de répondre. Les résultats révèlent qu'une assez faible minorité (moins de 20 %) est insatisfaite du système actuel. La majeure partie de la population se dit « assez satisfaite ». Ceux qui ont voté en 2000 sont un peu plus portés à se déclarer « très satisfaits » que ceux qui n'ont pas voté. Les non-votants ne sont pas plus susceptibles que les votants d'être insatisfaits du système électoral actuel.

Être satisfait du système majoritaire uninominal n'équivaut pas à rejeter sa principale solution de remplacement. Le tableau 40 indique qu'un quart des Canadiens sont « entièrement d'accord » pour qu'un système de représentation proportionnelle (RP) soit introduit au niveau fédéral; près de la moitié des répondants (46,9 %) sont « passablement d'accord » avec l'idée d'introduire la RP. (Ces calculs ne tiennent pas compte des quelque 10 % des répondants ayant déclaré qu'ils ne savaient pas, qu'ils ne voulaient ni la RP ni le système actuel, ou que « cela dépend ». Une telle indécision n'est pas inhabituelle lorsqu'une institution non familière est proposée pour la première fois.)

L'ensemble des réponses à ces deux questions porte à croire que le public tient au système majoritaire uninominal, mais est intéressé à explorer certains éléments d'un système de représentation proportionnelle. Cela revient peut-être à appuyer un système « mixte », comme ceux de l'Allemagne ou de la Nouvelle-Zélande, qui permet à certains députés d'être élus dans des circonscriptions sous le système majoritaire uninominal, et d'autres par RP. Toutefois, la présente enquête n'a pas exploré directement la question de l'appui à ce système ou à d'autres variantes.

Un autre remède proposé pour contrer la baisse de la participation électorale est le vote obligatoire. Ce type de loi, en vigueur en Australie, en Belgique, au Brésil et ailleurs, impose une amende à tout citoyen qui n'a pas voté. Le tableau 41 indique que l'idée du vote obligatoire n'est pas très populaire au Canada. Une majorité des répondants s'y opposent, souvent de façon vigoureuse. Les non-votants y sont naturellement plus hostiles que les votants.

Nous avons examiné, par une analyse de régression multiple, la possibilité que les prédicteurs que nous utilisons (par exemple, au tableau 20) puissent avoir des liens importants avec l'appui à ces réformes électorales (données non présentées). En général, les relations sont faibles, et très peu d'écarts trouvent explication. Ainsi, l'ensemble des prédicteurs utilisés dans bon nombre des régressions de ce rapport n'explique que 2 % de l'écart concernant ceux qui appuient la RP. Quelques liens faibles apparaissent : la RP est plus favorisée par ceux qui sont nés hors du Canada, les femmes, les personnes à revenu plus élevé et les personnes à faible efficacité politique.