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Perspectives électorales - Application de la législation électorale

Perspectives électorales – Mars 2003

Ellen Louks Fairclough
la première femme à être ministre au Cabinet fédéral du Canada

Wayne Brown,
Directeur de la rédaction, Perspectives électorales
Élections Canada

Photo : Bibliothèque publique de Hamilton, collections spéciales
Ellen Fairclough a été élue cinq fois à la Chambre des
communes. À titre de ministre de la Citoyenneté et de
l'Immigration, elle a présenté la législation historique
reconnaissant aux Indiens inscrits le droit de voter
aux élections fédérales.

Il peut paraître étrange qu'Ellen Louks Fairclough porte le titre « très honorable » puisque, au Canada, il est habituellement réservé aux premiers ministres, aux gouverneurs généraux et aux juges de la Cour suprême du Canada. Du reste, la majorité d'entre eux ont été des hommes. Toutefois, en 1992, le jour de la fête du Canada, la reine Élisabeth II lui a décerné ce titre presque 30 ans après son départ du Parlement. Elle soulignait ainsi ses nombreuses réalisations, dont la plus marquante a été d'être la première femme à entrer au Cabinet fédéral, le 21 juin 1957. Ellen Fairclough a également été élue cinq fois à la Chambre des communes, un record pour une femme dans les années 1950 et 1960. Elle était responsable des Affaires indiennes lorsqu'en 1960, plusieurs Autochtones canadiens ont obtenu le droit de vote. Mme Fairclough a célébré son 98e anniversaire en janvier 2003.

Sa jeunesse

Ellen Fairclough, née Ellen Louks Cook à Hamilton, en Ontario, le samedi 28 janvier 1905, est la troisième de cinq enfants d'une famille canadienne de cinquième génération. Sa mère Nellie est descendante de Huguenots et de loyalistes de l'Empire-Uni, qui ont émigré du Vermont au comté de Norfolk en 1790, alors que ses ancêtres paternels ont émigré de Lancaster, en Pennsylvanie, pour s'installer à Ancaster, dans le Haut-Canada, en 1802. Son père, Norman Ellsworth Cook, cultivait des terres dans le comté de Norfolk mais, comme le sol ne produisait pas une récolte suffisante, il a emmené sa famille vivre dans une maison à l'ouest de Hamilton en 1904. Dans ses mémoires, Ellen Fairclough écrit : « Même si nous n'avions jamais faim, nous n'étions pas riches. L'argent se faisait souvent rare, particulièrement lorsque Hamilton vivait des périodes difficiles, ce qui se produisait assez régulièrement. » Quand Ellen a neuf ans, ses parents ne peuvent même pas payer les frais scolaires de 10 cents par mois pour tous leurs enfants.

Ellen commence tôt à travailler de longues journées. Lorsqu'elle a 13 ans, une épidémie de grippe s'abat sur le pays. Alors qu'une grande partie de sa famille est touchée, Ellen est épargnée et, en plus de prendre soin de quatre personnes gravement malades, elle s'occupe de préparer trois repas par jour pour son père et deux pensionnaires, de faire les lits, d'administrer des médicaments et de donner d'autres soins. En général, elle obtient de bonnes notes à la première femme à être ministre au Cabinet fédéral du Canada l'école mais, d'après les normes contemporaines, elle ne reçoit pas de formation scolaire très poussée. Comme sa famille ne peut pas lui payer d'études supérieures, Ellen s'inscrit à un programme d'études commerciales. Et puisqu'il en coûte cinq cents pour prendre le tramway, elle marche jusqu'à l'école. Ses études du travail de secrétariat lui permettent ainsi d'obtenir plusieurs postes de comptabilité. Le dimanche, elle se rend à l'église le matin, étudie la Bible et assiste à l'école du dimanche l'après-midi; elle joue aussi du piano et chante, mais uniquement de la musique religieuse. En 1921, à l'âge de 16 ans, elle rencontre Gordon Fairclough lors d'une réunion mondaine pour l'église. Dix ans plus tard, ils fuguent pour se marier à Buffalo, dans l'État de New York. Leur fils unique, Howard, naît 10 mois plus tard.

À cette époque, il ne semble pas qu'Ellen Fairclough ait même songé à se faire élire un jour au Parlement. Cependant, elle milite au sein du Parti conservateur. Elle et son mari se joignent au Club des jeunes conservateurs, puis elle devient présidente de son regroupement local et vice-présidente de son regroupement de l'Ontario.

Pendant une dizaine d'années, Ellen occupe plusieurs postes de bureau et de comptabilité. Dans le livre Saturday's Child: Memoirs of Canada's First Female Cabinet Minister, Margaret Conrad écrit : « Ellen était une tenante ambitieuse et enthousiaste des nouveaux processus bureaucratiques et, de fil en aiguille, elle s'est bâti une réputation grâce à sa capacité de mettre de l'ordre dans les dossiers financiers désorganisés de ses clients ». Après avoir suivi plusieurs cours par correspondance, Ellen Fairclough est agréée à titre de comptable générale, assurant ainsi sa place dans une profession à prédominance masculine. Sa clientèle s'élargit, puis elle devient secrétaire de la Canadian Wholesale Grocers' Association, pour laquelle elle doit se rendre à Ottawa et rencontrer des hauts fonctionnaires et des députés.

Au service de Hamilton

Photo : Bibliothèque publique de Hamilton, collections spéciales
Ellen Fairclough à l'ouverture d'une maison-témoin à
Hamilton en 1959.

Ellen Fairclough tente pour la première fois de se faire élire à une élection municipale en 1945 lorsque Tony Evans, le chef conservateur local, lui demande de briguer un siège au conseil de Hamilton. Dans un premier temps pourtant, elle refuse fermement. Evans téléphone malgré tout à son mari pour lui annoncer qu'Ellen va se présenter aux élections. Dans ses mémoires, elle écrit que Gordon « a pensé que c'était une merveilleuse idée et voilà qui était fait. Bien sûr, j'aurais pu m'entêter dans mon refus, mais j'avoue que la possibilité d'une carrière politique m'intriguait. » En fait, elle perd l'élection par trois malheureux votes et déclare par la suite : « Que personne ne me dise qu'un vote ne compte pas! » Quelques semaines plus tard, après la démission d'un conseiller municipal, le conseil nomme Ellen Fairclough au poste de conseillère, qui rapporte un salaire de 400 $ par année. Elle fait partie de plusieurs organismes bénévoles, à titre de secrétaire nationale de la United Empire Loyalists' Association of Canada, de secrétaire provinciale et vice-présidente de l'Ordre impérial des filles de l'Empire ainsi que de présidente régionale du groupe de femmes Zonta International, un organisme actif aux États-Unis et au Canada.

Une édition de 1943 du journal Fort William Daily News cite un passage caractéristique d'un des nombreux discours qu'a prononcés Ellen Fairclough partout dans la province. « Pourquoi à l'ère de la collaboration n'y a-t-il pas de femmes dans la législature? Les femmes ont-elles si peu d'importance qu'elles n'ont aucun désir de se faire entendre? S'il y avait des femmes dans la législature, elles y feraient un grand ménage, car elles ne tolèrent pas les affaires suspectes. Par-dessus tout, nous devons faire preuve de courage et avoir foi en la population qui croit que nous pouvons y arriver. »

Ellen Fairclough est réélue trois fois au conseil de Hamilton et, en 1949, elle devient maire adjointe de la ville.

Elle perd la bataille mais gagne la guerre

Lors d'une élection fédérale tenue en 1949, Ellen Fairclough tente de gravir un nouvel échelon politique. Elle est proposée à l'unanimité comme candidate du Parti progressiste-conservateur dans la circonscription de Hamilton-Ouest. Cependant, elle se mesure au colonel Colin Gibson, un ministre du Cabinet libéral qui occupe le siège depuis près d'une décennie. Mme Fairclough soupçonne que les représentants du parti l'encouragent à se présenter afin d'aller chercher le vote des femmes et qu'en réalité, ils sont certains qu'un conservateur n'a aucune chance de se faire élire dans la circonscription. Elle perd l'élection par plus de 3 000 votes; le Parti libéral remporte l'élection nationale.

L'année suivante, le colonel Gibson est nommé juge et une élection partielle est déclenchée. Mme Fairclough a tôt fait de découvrir qu'une personne téléphone à tous les délégués de la réunion de mise en candidature pour les persuader de voter pour un autre porte-étendard. Elle soupçonne que la présidente de l'association locale des femmes progressistes-conservatrices est l'auteure de ces appels et que certains représentants régionaux du parti ne veulent pas d'une femme comme candidate. Néanmoins, la plupart des autres femmes de l'association lui donnent leur soutien et son rival masculin subit une défaite par plus de trois à un. Durant la campagne électorale, Ellen Fairclough affirme que l'opposition à Ottawa doit être renforcée et accuse les libéraux de ne pas avoir réussi à mettre en œuvre des allocations de vieillesse universelles et à réformer l'assurance-chômage en vigueur. La veille de l'élection partielle, ses panneaux de campagne sont recouverts par ceux d'un autre candidat. Durant la nuit, ses partisans travaillent sans relâche pour réparer les dégâts mais, le lendemain matin, peu de panneaux de l'un ou l'autre des candidats sont encore debout. Le 15 mai 1950, lors du dépouillement, la lutte reste serrée et le dénouement incertain jusqu'à la fin de la soirée. Finalement, avec une marge d'à peine plus de 400 votes, Ellen Fairclough devient la sixième femme de l'histoire du Canada à se faire élire à la Chambre des communes. Dans la publication Canadian Business, elle déclare à Austin F. Cross que son mari Gordon lui a fourni un soutien exceptionnel : « Il a élaboré plus de la moitié de mes plans [de campagne]; il avait de merveilleuses idées à propos de la publicité. »

Ellen Fairclough est membre de l'opposition à la Chambre et la seule femme à y siéger durant cette session du Parlement. Son petit bureau triangulaire au cinquième étage est coincé contre un ascenseur, mais elle est soulagée que, contrairement à la plupart de ses collègues masculins, elle ne doive pas le partager. « À mes débuts à Ottawa, je recevais un plus grand soutien des hommes de mon parti que des femmes. Je crois que beaucoup d'entre elles mettaient en question ma capacité de remplir mes fonctions, en partie parce qu'elles-mêmes n'arrivaient pas à imaginer qu'elles pouvaient y arriver. » On demande à Mme Fairclough d'être la porte-parole de l'opposition sur le travail, ce qui s'insère bien dans ses autres tâches de députée d'une grande ville industrielle. Ellen Fairclough prend souvent la parole à la Chambre et demande qu'on accorde l'allocation de vieillesse à 65 ans plutôt qu'à 70 ans. Cependant, certains journalistes s'intéressent davantage à ses habits et à sa vie personnelle qu'à ce qu'elle a à dire des politiques. Sans se laisser démonter pour autant, elle dépose un projet de loi d'initiative parlementaire exigeant une rémunération égale pour un travail de valeur égale dans les secteurs régis par l'administration fédérale. À la session du Parlement suivant l'élection générale de 1953, le gouvernement adopte un projet de loi semblable, une initiative dont les médias attribuent largement le mérite à Mme Fairclough.

Une femme au Cabinet

En 1957, à la suite d'une élection générale, Ellen Fairclough devient de justesse la première femme de l'histoire du Canada à prêter serment en tant que membre du Cabinet fédéral. John Diefenbaker, qui s'était engagé à nommer une femme dans son Cabinet, prend le pouvoir en tant que premier ministre d'un gouvernement progressiste- conservateur minoritaire. Il peut choisir entre deux membres de son caucus et Ellen Fairclough est celle qui possède le plus d'années de service et la plus grande expérience des comités. Dans Saturday's Child, Mme Fairclough évoque sa certitude que Diefenbaker ne l'aimait pas. « De plus, il ne m'avait pas pardonné mon refus de soutenir sa candidature à la direction du parti en 1942, en 1948 et en 1956. »

Quelques jours après l'élection de juin, une des personnes que Diefenbaker songe à inclure dans son Cabinet, M. William Blair, décède. « Au cimetière, Diefenbaker me fait signe de la tête de m'approcher de lui, affirme Mme Fairclough. Il me demande si je peux le voir plus tard dans la journée. Je lui réponds : "Oui, quand?" Nous décidons finalement de nous rencontrer à 18 h dans son bureau. Je me suis présentée à l'heure convenue, mais il m'a fallu attendre pendant que plusieurs personnes, surtout des membres de son personnel, entraient et sortaient en coup de vent de son bureau privé. » Une demi-heure plus tard, Diefenbaker lui dit : « Je dois former un Cabinet, et il semble que je doive le former en grande partie de mes ennemis. » Ellen Fairclough déclare qu'elle a nié à ce moment-là les accusations selon lesquelles elle avait soutenu l'un des rivaux de Diefenbaker au congrès d'investiture de leur parti. En échange d'une promesse de loyauté inconditionnelle, Diefenbaker lui dit qu'elle pourra être la secrétaire d'État de son Cabinet.

Mme Fairclough est surprise car elle s'attendait à obtenir un portefeuille plus consistant et, même si sa première réaction est de décliner l'offre de Diefenbaker, elle le laisse plutôt sur l'engagement qu'elle lui fera savoir sa réponse. George Drew, ancien premier ministre de l'Ontario et prédécesseur de Diefenbaker en tant que chef du Parti progressiste-conservateur fédéral, lui conseille de ne pas refuser la chance de devenir la première femme ministre au Cabinet fédéral. Le jour suivant, elle accepte l'offre de Diefenbaker. Cependant, comme l'écrit Mary Lowrey Ross plusieurs mois plus tard dans le magazine Saturday Night, « [i]l y en a eu certains pour souligner que le poste de secrétaire d'État était un poste mineur au sein du Cabinet qui ne faisait guère honneur aux talents de Mme Fairclough ».

Le 21 juin 1957, Ellen Fairclough prête serment comme membre du Cabinet. À quelques jours du 90e anniversaire du Canada, elle découvre avec surprise qu'aucune célébration n'aura lieu sur la Colline du Parlement le 1er juillet. On lui explique que personne n'assisterait à une fête parce que les résidents de la région sont en vacances à leur chalet ou à l'extérieur. Mme Fairclough n'accepte pas cette explication et ordonne qu'on commence à planifier pour l'année suivante la première célébration de la Fête du Dominion devant les édifices du Parlement.

Ellen Fairclough se rappelle qu'il y avait aussi des pressions grandissantes pour choisir un drapeau canadien distinctif; des milliers de suggestions proviennent d'un bout à l'autre du pays. « On présentait des drapeaux de toutes les tailles et de toutes les couleurs, depuis les dessins enfantins griffonnés sur un bout de papier au magnifique drapeau en satin blanc brodé. Je me souviens d'en avoir apporté avec moi lorsque j'allais présenter des exposés. » Toutefois, le gouvernement de Diefenbaker perd le pouvoir avant qu'un nouveau drapeau ne soit choisi.

Tout comme le Cabinet s'est habitué à ce qu'un de ses membres soit une femme, Gordon Fairclough s'est habitué à être souvent le seul homme parmi les épouses des ministres lors des réunions mondaines, auxquelles il prend part avec enthousiasme, un autre exemple du soutien total qu'il a toujours donné à son épouse.

Citoyenneté et Immigration

Photo : Bibliothèque publique de Hamilton, collections spéciales
Ellen Fairclough a prêté serment comme
secrétaire d'État du Cabinet le 21 juin 1957.
Cette photo la montre avec le grand sceau du
Canada, apposé à tous les documents d'État
pour en attester l'autorité et l'authenticité.

À l'élection générale de 1958, le Parti progressiste-conservateur obtient la plus forte majorité de l'histoire du Canada (208 des 265 sièges). Mme Fairclough est réélue aisément et est nommée au poste beaucoup plus ardu de ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration. À cette époque, le portefeuille de ce poste comprend la Monnaie royale canadienne, l'Office national du film, la Galerie nationale, les Archives publiques et la Bibliothèque nationale. Les Affaires indiennes sont aussi comprises dans le portefeuille de la ministre Fairclough qui, en 1960, présente la législation historique reconnaissant aux Indiens inscrits le droit de voter aux élections fédérales. En 1973, lors d'une entrevue avec Peter Stursberg, elle déclare : « Je crois que cela aurait dû être fait depuis longtemps et j'étais très heureuse d'avoir été là à ce moment. » Et d'ajouter, « certains chefs autochtones craignaient que l'octroi du droit de vote soit un piège pour miner les droits que leur conféraient les traités, mais j'ai précisé très clairement que ce n'était pas le cas. Aucun Indien et aucun Canadien n'est obligé de voter; le vote est cependant un privilège que tout citoyen canadien a le droit d'exercer. » Ellen Fairclough estime que, à titre de ministre, elle a visité jusqu'à 100 réserves indiennes du Canada. Plus tard, elle reçoit de nombreuses reconnaissances de groupes autochtones, y compris de la bande indienne des Six-Nations. Les Pieds-Noirs lui décernent le titre de chef honorifique.

Mme Fairclough écrit qu'au cours de sa vie politique, ses collègues la traitaient généralement comme « l'un des hommes », mais qu'elle a été exclue du Cabinet une fois, soit lors de l'examen du cas de Stephen Truscott, accusé d'agression sexuelle meurtrière sur une jeune fille. Elle obéit à Diefenbaker, qui lui demande de quitter la pièce, plutôt que de voir les photos explicites de la victime.

Ellen Fairclough réforme la politique d'immigration pour tenter d'éliminer la discrimination raciale et ethnique. Cependant, la controverse intense qui accompagne la politique d'immigration d'après-guerre et la pression de l'opposition, des médias et du public la laissent souvent sur le point de démissionner. « Mais je devais tenir compte de mon personnel, qui se serait trouvé sans emploi si je démissionnais. De plus, je savais que si j'abandonnais, les critiques auraient visé toutes les femmes – "C'était trop pour elle", dirait-on. » Elle décide donc de tenir bon jusqu'au bout.

La fin serait très pénible. Le gouvernement dévalue le dollar canadien à 92 cents américains, ce que beaucoup d'électeurs perçoivent très mal. À l'élection de 1962, Mme Fairclough est réélue, mais le Parti progressisteconservateur n'obtient qu'un nombre suffisant de sièges pour former un gouvernement minoritaire. Mme Fairclough devient alors ministre des Postes. Lorsque la crise des missiles de Cuba éclate, le Cabinet ne s'entend pas sur la réponse à donner aux demandes d'appui des Américains ni sur la décision d'inclure ou non des ogives nucléaires dans le nouveau système d'armes du Canada. On soupçonne certains ministres de vouloir se défaire de Diefenbaker et le gouvernement est défait par un vote à la Chambre des communes.

Ellen Fairclough demande alors à Diefenbaker un poste au Sénat. « Même si j'étais la première femme ministre au Cabinet, je n'allais pas compter parmi les heureux élus », écrit-elle. Le 8 avril 1963, une élection générale met les libéraux au pouvoir et Mme Fairclough est battue dans sa propre circonscription par 2 800 votes.

Après Ottawa

« À 58 ans, la majorité des gens pensent à prendre leur retraite, mais pas Ellen Fairclough », écrit Margaret Conrad. En tant que secrétaire générale, « elle a contribué à rendre la Hamilton Trust and Savings Corporation une puissance considérable dans les cercles financiers ontariens et a continué à participer activement à un large éventail de conseils administratifs, de fondations et d'organismes bénévoles ». En outre, elle occupe les postes de présidente de Hamilton Hydro et de trésorière de Zonta International.

Le 20 février 1978, la Chambre des communes adopte à l'unanimité une résolution pour féliciter Mme Fairclough pour « l'importante contribution qu'elle a apportée à la vie politique canadienne et pour être, depuis maintenant 20 ans, la seule femme de l'histoire politique du Canada à avoir été premier ministre intérimaire ». Ce dernier commentaire fait référence à la très courte période où Diefenbaker lui a laissé les rênes du gouvernement pendant qu'il était en voyage.

Dans son introduction aux mémoires d'Ellen Fairclough, Margaret Conrad rapporte qu'en 1993, alors qu'elle observait le congrès d'investiture du Parti progressiste-conservateur, elle a vu Mme Fairclough, qui avait alors 80 ans, proposer la nomination de Kim Campbell, future première femme premier ministre du pays. La vie de Mme Fairclough lui semblait être une histoire digne d'être racontée et, le jour suivant, elle lui demande si elle pouvait écrire sa biographie. « Elle m'a répondu tout de suite. Non seulement était-elle prête à me laisser écrire sa biographie sans même me connaître, mais elle avait déjà des mémoires de 75 000 mots qui faciliteraient mon travail. » En 1995, ces mémoires sont publiés et Ellen Fairclough se voit conférer le titre de Compagnon de l'Ordre du Canada.

Ellen Louks Fairclough ne s'est jamais considérée comme une féministe acharnée, mais elle a toujours cru que les femmes pouvaient apporter une plus grande contribution au monde des affaires et à la vie politique. Elle a prouvé sa théorie par sa propre carrière. « Même si je n'ai jamais commencé la première dans quoi que ce soit, je suis devenue la première femme dans plusieurs domaines de la vie publique », affirme-t-elle. « Je n'avais pas beaucoup de modèles, alors j'ai suivi mon instinct. Il m'a bien servi au cours des années, comme l'a fait ma volonté de travailler dur pour gagner mon pain. Tout compte fait, j'ai eu une vie plutôt satisfaisante. »

Références

Bibliothèque municipale d'Ottawa, centre de ressources biographiques.

Canadian Who's Who, University of Toronto Press, Toronto.

Conrad, Margaret. « "Not a Feminist, But..." The Political Career of Ellen Louks Fairclough, Canada's First Female Cabinet Minister », Revue d'études canadiennes/Journal of Canadian Studies, vol. 31, no 2 (été 1996).

Cross, Austin F. « Parliamentary Personalities », Canadian Business, vol. 23, no 9 (septembre 1950), p. 94, 106-110.

Fairclough, Ellen Louks. Saturday's Child: Memoirs of Canada's First Female Cabinet Minister, Toronto, University of Toronto Press, 1995, 179 pages.

Interview d'Ellen Fairclough par Peter Stursberg le 9 mars 1973.

Ross, Mary Lowrey. « Ellen Fairclough: First Woman in the Cabinet », Saturday Night, vol. 72, no 18 (31 août 1957), p. 14-15, 34.

« The Hon. Ellen Louks Fairclough », Word Affairs, vol. 24, no 3 (novembre 1958), p. 13.


Note : 

Les opinions exprimées par les auteurs ne reflètent pas nécessairement celles du directeur général des élections du Canada.