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Électeurs autochtones

Introduction

Des recherches ont démontré que certains groupes d'électeurs, dont les électeurs autochtones, avaient moins tendance à voter que la population canadienne en général. Pour que ces électeurs exercent leur droit de vote aux élections fédérales, il est important de comprendre les obstacles auxquels ils peuvent faire face. Pour ce faire, nous analysons les résultats des sondages postélectoraux menés par Élections Canada ainsi que les résultats des recherches sur la participation démocratique.

Par « électeur autochtone », nous entendons toute personne âgée d'au moins 18 ans qui s'identifie comme étant membre des Premières Nations ou des peuples métis ou inuits. Selon le recensement de 2021, les Autochtones représentent environ 5 % de la population canadienne. La population autochtone connaît l'une des plus fortes croissances au Canada, ayant augmenté presque deux fois plus que la population non autochtone (9,4 % contre 5,3 %) de 2016 à 2021 (Statistique Canada). La proportion d'Autochtones vivant dans de grands centres urbains d'au moins 100 000 habitants est passée de 43,1 % en 2016 à 44,3 % en 2021. Un peu plus des deux cinquièmes des membres inscrits des Premières Nations (40,6 %) vivaient dans des réserves en 2021 (ibid.)1.

Chaque groupe d'électeurs autochtones a son histoire et son vécu particuliers en ce qui concerne le vote aux élections fédérales. Les Métis ont toujours eu les mêmes droits de vote aux élections fédérales que tous les autres Canadiens. À quelques exceptions près (anciens combattants), la Loi du cens électoral fédéral de 1934 privait du droit de vote aux élections fédérales les membres des Premières Nations vivant dans des réserves, de même que les Inuits. Le droit de vote des Inuits a été entièrement rétabli en 1950, mais leur accès aux services électoraux est demeuré limité pendant de nombreuses années. Ce n'est qu'en 1962 que des urnes ont été placées dans toutes les communautés inuites pour les élections fédérales. En 1960, le Parlement a accordé le droit de vote sans condition aux « Indiens », permettant ainsi aux membres des Premières Nations de voter sans renoncer à leur statut d'Indien. Le fait que les Autochtones ont jadis été privés du droit de vote doit être pris en compte dans l'interprétation des données qui montrent que les électeurs autochtones ont moins tendance à voter que les électeurs non autochtones.

Notes :

  • Sauf indication contraire, les données proviennent de l'Étude nationale auprès des électeurs (ENE) de 2021 : Élections Canada mène ce sondage en plusieurs vagues dans le contexte d'une élection générale afin de mieux comprendre les obstacles auxquels certains groupes peuvent se heurter au moment de voter à une élection fédérale. Dans la présente analyse, les termes « électeurs » et « répondants » sont utilisés de manière interchangeable.
  • Les données sur la participation électorale reposent sur les réponses fournies par les répondants. Or, la participation électorale autodéclarée est historiquement surévaluée dans les sondages d'opinion : en 2021, le taux de participation des répondants à l'ENE aurait été de 92 %, alors que le taux de participation des électeurs inscrits a été de 62,6 % selon les résultats officiels du scrutin. La participation électorale déclarée par les répondants peut révéler de manière fiable des différences entre les groupes d'électeurs pour ce qui est de leur propension à voter, mais elle ne constitue pas une estimation exacte du taux de participation réel.
  • Dans la mesure du possible, les résultats sont comparés avec ceux des élections précédentes.
  • Lorsqu'une comparaison révèle un écart, il s'agit d'une différence statistiquement significative avec un niveau de confiance de 95 %.

Participation aux élections fédérales

Les électeurs autochtones sont moins susceptibles de voter que les électeurs non autochtones.

  • Au cours de la période électorale de 2021, les électeurs autochtones étaient moins susceptibles de déclarer qu'ils étaient certains de voter à l'élection ou qu'ils avaient voté d'avance (81 % contre 88 % des électeurs non autochtones). Moins d'électeurs des Premières Nations (78 %) que d'électeurs métis (84 %) avaient l'intention de voter.
  • Après l'élection de 2021, 81 % des répondants autochtones à l'ENE ont déclaré avoir voté, comparativement à 93 % des répondants non autochtones. Moins d'électeurs des Premières Nations (72 %) que d'électeurs métis (90 %) ont déclaré avoir voté. Les taux de participation autodéclarée sont inférieurs à ceux de 2019 : 84 % des électeurs autochtones et 80 % des électeurs des Premières Nations avaient alors déclaré avoir voté.
  • Les taux de participation autodéclarée à l'élection de 2021 varient selon le lieu de résidence des électeurs autochtones : la proportion d'électeurs des Premières Nations qui ont affirmé avoir voté est moins élevée dans les réserves (52 %) que hors des réserves (82 %). De même, la proportion d'Autochtones qui ont affirmé avoir voté est moins élevée en région rurale (67 %) qu'en zone urbaine (87 %).
  • Au cours de l'ENE de 2021, les non-votants autochtones ont mentionné des raisons politiques comme principal motif d'abstention (28 %) plus souvent que tout autre type de raisons. Cependant, ils ont cité des raisons politiques moins souvent que les autres non-votants (36 %). Les non-votants autochtones étaient notamment moins susceptibles de mentionner le sentiment que voter ne ferait pas de différence (8 %) que les électeurs non autochtones (13 %).
  • Les non-votants autochtones étaient plus susceptibles d'indiquer, comme principal motif d'abstention, une raison liée au processus électoral (23 %) que les autres non-votants (19 %). Les non-votants autochtones vivant en région rurale, en particulier, étaient plus susceptibles d'indiquer qu'ils n'avaient pas voté pour des raisons liées au processus électoral (37 %) que ceux vivant en zone urbaine (18 %).
  • Parmi les électeurs qui n'ont pas voté pour des raisons liées au processus électoral, l'incapacité à prouver son identité ou son adresse a été mentionnée plus souvent par des non-votants des Premières Nations (5 % contre 2 % des non-votants non autochtones) et par des non-votants autochtones vivant en région rurale (10 % contre 1 % de ceux vivant en zone urbaine)

Attitudes à l'égard de la démocratie et du vote

Les électeurs autochtones sont moins susceptibles d'être satisfaits de la vie démocratique au Canada et de considérer le vote comme un devoir.

  • En 2021, les électeurs autochtones étaient moins susceptibles de se déclarer satisfaits de la vie démocratique au Canada (59 %) que les électeurs non autochtones (71 %). Dans les deux groupes, la satisfaction à l'égard de la démocratie était plus faible qu'en 2019 : 64 % des électeurs autochtones et 79 % des électeurs non autochtones étaient alors satisfaits. Elle est donc revenue aux niveaux de 2015 (56 % des électeurs autochtones et 69 % des électeurs non autochtones étaient alors satisfaits).
  • Les électeurs autochtones étaient moins susceptibles de considérer le vote comme un devoir plutôt que comme un choix (70 % contre 80 % des électeurs non autochtones). Cette différence est plus marquée chez les électeurs des Premières Nations (66 %), notamment dans les réserves (58 %).

Connaissance du processus électoral

Les électeurs autochtones ont tendance à avoir une moins bonne connaissance du processus électoral (modalités d'inscription des électeurs, différentes façons de voter et exigences d'identification des électeurs).

  • En 2021, les électeurs autochtones (72 %) étaient un peu moins susceptibles que les autres électeurs (76 %) de savoir qu'ils doivent mettre à jour leurs renseignements d'inscription lorsqu'il y a des changements. Les électeurs des Premières Nations vivant dans une réserve étaient beaucoup moins susceptibles de savoir qu'ils peuvent s'inscrire le jour de l'élection à leur bureau de scrutin et voter tout de suite après (55 %) que ceux vivant hors réserve (75 %).
  • Lorsqu'ils ont été interrogés sur les façons de voter à une élection fédérale, les électeurs des Premières Nations, en particulier, étaient moins susceptibles de mentionner le vote par anticipation (45 %) et le vote par la poste (50 %) que les électeurs non autochtones (62 % et 71 % respectivement). À l'inverse, les Métis étaient plus susceptibles de mentionner le vote par anticipation (70 %) et autant susceptibles de mentionner le vote par la poste (69 %) que les électeurs non autochtones.
  • Les électeurs autochtones étaient un peu moins susceptibles que les électeurs non autochtones de savoir qu'il faut présenter une preuve d'identité (94 % contre 97 %) et une preuve d'adresse (86 % contre 89 %). Ces résultats sont semblables à ceux de 2019. Parmi les électeurs des Premières Nations, ceux vivant dans une réserve étaient moins susceptibles que ceux vivant hors réserve de savoir qu'il faut présenter une pièce d'identité (87 % contre 94 %) et une preuve d'adresse (77 % contre 86 %).
  • Dans l'ensemble, les électeurs autochtones (62 %) avaient moins tendance que les électeurs non autochtones (75 %) à dire qu'ils se sentaient bien informés sur le vote, c'est-à-dire où, quand et comment voter à l'élection de 2021. Parmi les électeurs des Premières Nations, ceux vivant dans une réserve étaient moins susceptibles de se sentir bien informés (47 %) que ceux vivant hors réserve (65 %).

Inscription

Une partie des électeurs autochtones semblent avoir des problèmes d'inscription (réception de la carte d'information de l'électeur, facilité à s'inscrire et vérification de l'inscription).

  • Pour chaque élection, Élections Canada envoie aux électeurs inscrits une carte d'information de l'électeur (CIE). En 2021, une plus faible proportion d'électeurs autochtones (86 %, dont 82 % électeurs des Premières Nations) que d'électeurs non autochtones (92 %) se souvenaient d'avoir reçu une CIE. Les électeurs autochtones des régions rurales, en particulier, étaient moins susceptibles de dire qu'ils avaient reçu une CIE (78 %) que ceux des zones urbaines (90 %), tout comme les électeurs des Premières Nations vivant dans une réserve (72 %) par rapport à ceux vivant hors réserve (87 %).
  • En 2021, les électeurs autochtones étaient plus susceptibles que les électeurs non autochtones de déclarer qu'ils s'étaient inscrits récemment pour voter (9 % contre 6 %).
  • Parmi les répondants qui s'étaient inscrits ou avaient pris des mesures pour s'assurer que leur inscription était à jour pour l'élection de 2021, les électeurs autochtones étaient moins susceptibles de dire que cela avait été très facile (69 %) que les électeurs non autochtones (76 %). L'écart est encore plus marqué chez les électeurs des Premières Nations vivant dans une réserve (56 %) par rapport à ceux vivant hors réserve (73 %), de même que chez les électeurs autochtones des régions rurales (55 %) par rapport à ceux des zones urbaines (69 %).

Vote à un lieu de scrutin

Le processus de vote semble poser des difficultés à une partie des électeurs autochtones.

  • Les votants autochtones étaient plus susceptibles d'indiquer qu'ils avaient voté à un bureau de scrutin le jour de l'élection (50 %) que les votants non autochtones (43 %). Parmi les Premières Nations, 71 % des votants vivant dans une réserve ont dit qu'ils avaient voté le jour de l'élection, comparativement à 48 % de ceux vivant hors réserve.
  • En 2021, les votants autochtones étaient un peu moins susceptibles d'affirmer qu'il était très facile de voter (85 %) que les votants non autochtones (89 %). Ces taux sont plus élevés qu'en 2019 (82 % contre 85 % respectivement).
  • Les votants autochtones étaient un peu moins susceptibles d'avoir été très satisfaits de leur expérience de vote en 2021 (76 %) que les votants non autochtones (80 %). Les résultats sont semblables à ceux de 2019 (73 % contre 81 % respectivement).

Identification des électeurs

Certains électeurs autochtones semblent avoir des difficultés à prouver leur identité et leur adresse, bien que cela soit devenu plus facile depuis 2015.

  • Une plus grande proportion de votants métis (6 %) que de votants non autochtones (4 %) ont eu besoin de plus d'une pièce d'identité pour prouver leur identité et leur adresse afin de voter à l'élection de 2021.
  • La proportion de votants des Premières Nations qui ont demandé à une connaissance de répondre de leur identité et de leur adresse afin de satisfaire aux exigences d'identification est plus élevée dans les réserves (5 %) que hors des réserves (moins de 1 %).
  • Parmi les non-votants, les membres des Premières Nations étaient légèrement plus susceptibles de mentionner l'incapacité à prouver leur identité ou leur adresse comme principal motif d'abstention (5 %) que les non-Autochtones (2 %).
  • Parmi les électeurs autochtones qui ont voté à l'élection de 2021, la plupart n'ont eu aucun problème à satisfaire aux exigences d'identification au moment de voter, 92 % ayant trouvé cela très facile. Cependant, les électeurs autochtones des zones urbaines (91 %) étaient moins susceptibles que ceux des régions rurales (97 %) de trouver cela très facile.
  • Dans l'ensemble, les électeurs autochtones étaient un peu moins susceptibles de trouver qu'il était très facile de satisfaire aux exigences d'identification (92 %) que les électeurs non autochtones (95 %), comme en 2019 (91 % contre 94 % respectivement).
  • Bien que la nécessité de prouver son identité et son adresse demeure un obstacle pour certains, la proportion d'électeurs autochtones qui trouvent qu'il est très facile de satisfaire aux exigences d'identification s'est grandement améliorée depuis 2015, année où 84 % des votants autochtones avaient trouvé cela très facile comparativement à 92 % des votants non autochtones.

Confiance dans le processus électoral

Les électeurs autochtones sont moins susceptibles d'avoir confiance dans le processus électoral.

  • À la suite de l'élection de 2021, les électeurs autochtones étaient moins susceptibles d'avoir une grande confiance en Élections Canada (52 %) que les électeurs non autochtones (67 %). La proportion de répondants des Premières Nations qui avaient une grande confiance en Élections Canada était plus faible dans les réserves (41 %) que hors des réserves (54 %).
  • Néanmoins, la proportion d'électeurs autochtones qui avaient une grande confiance en Élections Canada était plus élevée après l'élection de 2021 (52 %) qu'après l'élection de 2019 (47 %).
  • En 2021, les électeurs autochtones (61 %) étaient moins susceptibles que les électeurs non autochtones (74 %) d'être fortement d'accord pour dire qu'Élections Canada est la source de renseignements la plus digne de confiance au sujet du processus électoral. Moins d'électeurs des Premières Nations étaient fortement d'accord avec cet énoncé dans les réserves (48 %) que hors des réserves (65 %).
  • Les électeurs autochtones étaient moins susceptibles d'affirmer qu'Élections Canada avait géré l'élection de façon très équitable (58 %) que les électeurs non autochtones (71 %). Ces résultats sont semblables à ceux de 2019 (59 % des électeurs autochtones contre 70 % des électeurs non autochtones).
  • Les électeurs autochtones étaient moins susceptibles d'avoir une confiance très élevée en l'exactitude des résultats de l'élection dans leur circonscription (58 %) que les électeurs non autochtones (74 %). C'était plus particulièrement vrai pour les électeurs des Premières Nations vivant dans une réserve (46 %) que pour ceux vivant hors réserve (61 %).
  • Toutefois, la proportion d'électeurs autochtones à avoir une confiance très élevée en l'exactitude des résultats de l'élection était plus élevée en 2021 (58 %) qu'en 2019 (53 %).

Notes de bas de page

1 Dans le contexte du recensement de 2021, le terme « dans les réserves » désigne les subdivisions de recensement légalement affiliées aux Premières Nations ou aux bandes indiennes. En raison des difficultés de collecte de données connues en 2021, 63 réserves et établissements n'ont été que partiellement dénombrés sur les 1 026 subdivisions de recensement canadiennes situées « dans des réserves ». Les statistiques de l'Étude nationale auprès des électeurs qui concernent les électeurs des Premières Nations vivant dans une réserve sont fondées sur les réponses des répondants.