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Rapport sur la Table ronde sur la participation électorale des jeunes

Annexe C : Avant événement – Document de travail

Le 5 juin 2012
Hôtel Lord Elgin
Ottawa (Ontario)

Document de travail

Contexte

Comme dans la plupart des démocraties avancées, la participation électorale au Canada a diminué progressivement au cours des vingt dernières années, tant à l'échelle fédérale que provinciale. Cette tendance est surtout attribuable au déclin de la participation électorale des jeunes. Des recherches montrent que les jeunes d'aujourd'hui sont moins portés à voter que ceux des générations précédentes et qu'ils seront moins enclins à aller voter régulièrement pendant leur vienote 2. Cette situation a des répercussions sur la santé à long terme de notre système démocratique et soulève des questions sur les causes du désintérêt des jeunes Canadiens à l'égard du processus électoral et les solutions possibles au problème.

Bien que les organismes électoraux aient cherché à accroître l'accessibilité du vote, ils ont une capacité limitée à régler les problèmes sous-jacents qui expliquent pourquoi beaucoup de jeunes s'abstiennent de voter. Le déclin de la participation électorale des jeunes constitue un enjeu de société, et une intervention efficace nécessite des mesures coordonnées parmi ceux qui peuvent résoudre les problèmes de motivation à l'origine du manque de participation chez les jeunes et qui ont de l'expérience en la matière. De nombreux intervenants possèdent une expertise considérable quand il s'agit de favoriser la participation démocratique, de susciter l'intérêt des jeunes et de les informer sur leur devoir civique, mais jusqu'à maintenant, ils ont eu peu d'occasions de commencer à collaborer d'une façon coordonnée.

Dans un premier temps, Élections Canada et le Forum des politiques publiques du Canada tiendront la Table ronde sur la participation électorale des jeunes le 5 juin 2012 à Ottawa. Élections Canada et le Forum des politiques publiques cherchent à obtenir les commentaires et l'aide des organisations et des personnes réunies pour jeter les bases des mesures collectives et multisectorielles visant à résoudre ce problème. Il faut déployer des efforts concertés pour contribuer à renverser le déclin de la participation électorale des jeunes au Canada, et les participants à cette table ronde ont été invités à amorcer le processus.

La table ronde aura deux principaux objectifs :

  1. Adopter une vision commune du problème de l'engagement civique déclinant chez les jeunes Canadiens.
  2. S'entendre sur les mesures que doivent prendre les intervenants réunis, ensemble ou individuellement, pour s'attaquer au problème.

L'activité donnera aux participants l'occasion d'aller au-delà d'une discussion sur les causes fondamentales du déclin de la participation électorale chez les jeunes et de déterminer quels facteurs peuvent être abordés, qui peut le faire et par quels moyens.

Situation générale

Le déclin de la participation électorale des jeunes et les obstacles à la participation

Lors de l'élection fédérale du 2 mai 2011, 61,1 % des électeurs canadiens inscrits sont allés voter. Bien que ce taux soit légèrement supérieur à celui de 2008 (58,8 %), il reste très loin de la moyenne de 75 % enregistrée au Canada au cours des décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. La participation des jeunes Canadiens à l'élection de 2011 s'est avérée considérablement inférieure à la moyenne – seulement 38,8 % des Canadiens âgés de 18 à 24 ans et 45,1 % des 25 à 34 ans ont voté.

Le fait que les jeunes votent moins souvent que les personnes plus âgées n'a rien de nouveau : des recherches de longue date sur la participation électorale ont révélé que celle-ci avait tendance à augmenter avec l'âgenote 3. Toutefois, les taux de participation chez les jeunes sont beaucoup plus faibles aujourd'hui qu'il y a 30 ou 40 ans. La participation électorale des électeurs admissibles pour la première fois diminue graduellement depuis les années 1970. De plus, on constate que les jeunes prennent de moins en moins l'habitude de voter lorsqu'ils vieillissent. Alors que les jeunes électeurs avaient auparavant tendance à « rattraper » le reste de la population à leur troisième élection, le processus est maintenant plus long – et pour de plus en plus de gens, il ne s'enclenche jamais. Comme le souligne Paul Howe dans son récent livre Citizens Adrift, le nombre de jeunes qui prendront l'habitude de ne pas voter est à la haussenote 4.

Pour mieux comprendre les raisons de la participation ou de la non-participation des jeunes au processus électoral, Élections Canada a commandé l'Enquête nationale auprès des jeunes après l'élection générale de 2011. Cette étude – la plus approfondie jamais réalisée sur la participation électorale des jeunes de 18 à 34 ans – met en lumière les obstacles, sur le plan de la motivation et de l'accès, qui entravent l'exercice du droit de vote chez les jeunes Canadiensnote 5.

Les principaux obstacles à l'accès révélés dans l'étude comprennent notamment les suivants :

  • Connaissance du processus : Obstacles liés au manque de connaissances sur le processus électoral en tant que tel, par exemple comment, où et quand voter. Les jeunes qui en savent plus sur le processus électoral sont plus portés à voter.

  • Situation personnelle : Obstacles liés à la situation personnelle, comme une maladie, un problème de transport ou un déménagement.

  • Obstacles administratifs : Obstacles réels ou perçus liés à l'administration du processus électoral, comme l'accessibilité d'un lieu de scrutin ou les perceptions concernant un bureau de scrutin.

Il incombe aux organismes électoraux de réduire beaucoup de ces obstacles – par exemple en fournissant de l'information plus accessible sur le processus électoral ou en réglant les problèmes d'accessibilité d'un bureau de scrutin. Toutefois, des recherches indiquent qu'il ne suffit pas de régler ces problèmes pour augmenter la participation électorale des jeunes.

Malgré l'importance des obstacles à l'accès, les facteurs liés à la motivation constituent les principaux déterminants de la non-participation. L'Enquête nationale auprès des jeunes a permis de cerner certains facteurs liés à la motivation :

  • Attitudes : Attitudes négatives à l'égard de la politique, telles qu'une impression que tous les partis politiques sont identiques et que personne ne parle de sujets importants pour les jeunes. Ceux qui se heurtent à ces obstacles sont peut-être informés, mais ils ne veulent pas voter. En revanche, les jeunes qui estiment que le vote constitue un devoir civique sont beaucoup plus enclins à voter.

  • Intérêt : Indifférence ou apathie à l'égard de la politique. Les jeunes ayant un grand intérêt pour la politique sont plus enclins à voter.

  • Influenceurs politiques : Absence d'influenceurs dans l'entourage des jeunes pouvant encourager ceux-ci à voter, en particulier les parents et les politiciens. Les jeunes qui ont discuté de politique à la maison et qui ont été joints par un politicien lors d'une élection sont plus prédisposés à voter.

  • Connaissances politiques : Manque de connaissances sur la politique, les enjeux, les partis ou les candidats. Les personnes qui se heurtent à ce genre d'obstacles souhaitent peut-être voter, mais estiment ne pas avoir les connaissances politiques nécessaires pour faire un choix. Les jeunes qui ont de meilleures connaissances politiques sont beaucoup plus portés à voter. Ceux qui ont suivi un cours d'éducation civique le sont également.

Fait important, certains groupes de jeunes – comme les Autochtones et les jeunes sans emploi qui ne vont pas à l'école – sont confrontés à des obstacles au vote encore plus importants que ceux auxquels doivent faire face les jeunes en général. Les membres de ces groupes risquent beaucoup plus de prendre l'habitude de ne pas voter.

La nécessité de recourir à des mesures coordonnées et concertées

Les conclusions de l'Enquête nationale auprès des jeunes permettent d'établir un terrain d'entente pour commencer à s'attaquer au problème du déclin de la participation électorale des jeunes; pour ce faire, il faut établir l'ordre de priorité des thèmes clés qui doivent être abordés ainsi qu'élaborer des stratégies et des approches communes. Bien que les organismes électoraux aient un rôle clé à jouer pour réduire les obstacles à l'accès, divers intervenants doivent prendre des mesures coordonnées et concertées pour faire face à un problème beaucoup plus complexe, c'est-à-dire la motivation. Ce type d'approche donne l'occasion de mettre les ressources en commun, d'échanger des renseignements, d'apprendre les uns des autres ainsi que d'assurer une complémentarité et une synergie. De meilleurs résultats peuvent être obtenus si les leaders dans tous les secteurs prennent des mesures collectives.

Nous devons donc travailler ensemble pour mettre en place les conditions propices à la participation des jeunes tout en réduisant les obstacles auxquels ils se heurtent. Il faut entre autres que nous trouvions des moyens de fournir à tous les jeunes des outils et des possibilités d'éducation civique, de combler le fossé entre les jeunes et les politiciens, de rendre la politique pertinente aux yeux des jeunes et d'entrer en contact avec ceux qui sont les moins prédisposés à voter. Pour porter leurs fruits, ces efforts doivent être déployés continuellement entre chaque élection, et non une élection à la fois.

La nécessité de recourir à des mesures concertées soulève une question : qui doit être inclus? Les intervenants qui travaillent auprès des jeunes et qui les représentent sont évidemment essentiels, tout comme ceux qui ont une expertise générale en matière de motivation, d'éducation et de participation civique. Il est crucial d'adopter une approche intersectorielle qui englobe les intervenants de la société civile, du secteur privé et du gouvernement, y compris les éducateurs, les organismes servant les jeunes, les fédérations d'étudiants, les organismes du secteur privé, les établissements d'enseignement postsecondaire, les membres des médias et les organismes gouvernementaux. On doit aussi inclure les groupes qui représentent diverses catégories de jeunes, par exemple les Autochtones et les membres des communautés ethnoculturelles.

La Table ronde nationale sur la participation électorale des jeunes offre aux représentants de ces organismes une tribune permettant de discuter des priorités et de déterminer les domaines d'intervention pour commencer à renverser le déclin de la participation électorale des jeunes dans un cadre de collaboration élargi.

Garantir le succès

Lorsque nous pensons à ce que nous pourrions accomplir ensemble, nous devons absolument tenir compte des domaines qui présentent le plus grand potentiel de collaboration et d'intervention, ainsi que le plus grand intérêt à cet égard.

Les participants à la table ronde viseront deux objectifs. Premièrement, pour adopter une vision commune de l'enjeu, ils cerneront les facteurs liés à la motivation qui peuvent être abordés le plus efficacement grâce à des mesures collectives et intersectorielles. Deuxièmement, pour s'entendre sur les mesures pouvant être prises, ils établiront l'ordre de priorité des mesures, définiront les besoins et repéreront d'éventuels leaders. Les commentaires que formuleront les participants pendant la table ronde permettront de déterminer les thèmes sur lesquels la discussion doit porter; toutefois, des recherches ont déjà mis en lumière certaines questions qui valent la peine d'être prises en compte. En voici quelques unes :

  1. Entrer en contact avec ceux qui sont difficiles à joindre – Comment entrer en contact avec les jeunes qui sont les moins portés à voter et qui se trouvent peut-être en grand nombre à l'extérieur des réseaux établis?

  2. Accroître les connaissances politiques des jeunes – Quels sont les ressources et les outils essentiels dont les jeunes ont besoin pour comprendre la politique? Comment pouvons-nous rendre ces ressources et outils accessibles à l'école et ailleurs?

  3. Combler le fossé entre les jeunes et les politiciens – Comment pouvons-nous établir des liens entre les jeunes et les politiciens?

  4. Encourager la participation à plusieurs niveaux – Comment pouvons-nous favoriser la participation civique locale en tant que tremplin vers le vote?

  5. Faire participer les parents – Comment pouvons-nous tirer parti du rôle que jouent les parents à titre de principaux influenceurs politiques? Quel genre d'outils peut nous aider à y arriver?

  6. Rendre la politique et la participation pertinentes et en faire la norme – Comment pouvons-nous surmonter l'obstacle que constitue le sentiment d'éloignement de beaucoup de jeunes à l'égard de la politique? Le devoir civique est évidemment important, mais quelles autres attitudes et valeurs peut-on favoriser pour rendre la politique et la participation pertinentes aux yeux des jeunes et en faire la norme pour eux?

  7. Autres?

Dans le cadre de l'établissement initial des priorités, veuillez déterminer les trois thèmes qui, selon vous, sont les plus importants et envoyer vos réponses au Forum des politiques publiques. N'hésitez pas à inclure des thèmes autres que ceux qui sont énumérés dans le présent document, en fonction de votre expérience et de votre expertise.

Élections Canada et le Forum des politiques publiques se feront un plaisir de vous accueillir à la Table ronde nationale sur la participation électorale des jeunes le 5 juin et d'entamer cet important dialogue.

Addenda : Pour en savoir plus au sujet des obstacles sur le plan de la motivation et de l'accès, veuillez consulter l'Enquête nationale auprès des jeunes, menée par Élections Canada après l'élection fédérale de mai 2011. Cette étude a révélé que bien que les obstacles à l'accès demeurent importants, les facteurs motivationnels influencent davantage la décision de ne pas voter. Le rapport sur l'Enquête nationale auprès des jeunes est disponible ici.


Note 2 Participation électorale des jeunes au Canada, André Blais et Peter Loewen, documents de travail d'Élections Canada, 2011.

Note 3 Voir par exemple : Raymond Wolfinger et Steven Rosenstone, Who Votes?, Yale University Press, 1980.

Note 4 Paul Howe, Citizens Adrift: The Democratic Disengagement of Young Canadians, UBC Press, 2010.

Note 5 L'Enquête nationale auprès des jeunes est disponible sur le site Web d'Élections Canada. L'enquête comprend un échantillon aléatoire national de 1 372 jeunes et jeunes adultes âgés de 18 à 34 ans, ainsi qu'un échantillon non aléatoire supplémentaire de 1 293 jeunes issus des sous-groupes suivants : Autochtones, membres de communautés ethnoculturelles, habitants des régions rurales, personnes handicapées et jeunes sans emploi qui ne vont pas à l'école.