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Pourquoi la participation décline aux élections fédérales canadiennes : un nouveau sondage des non-votants


Conclusion

Une grande partie du contexte exploré dans le présent rapport mène à la conclusion que les taux de participation continueront vraisemblablement de diminuer au Canada. Les taux de participation des générations d'électeurs qui ont acquis le droit de vote au cours des deux dernières décennies, en particulier depuis 1993, sont considérablement plus faibles que ceux des générations précédentes. Bien que les effets du « cycle de vie » contribuent à augmenter le faible taux de participation initiale de toutes les générations, ils n'ont pas amené les nouveaux électeurs des années Mulroney ou Chrétien aux niveaux de ceux de l'ère Trudeau. Même ces derniers, maintenant dans la quarantaine ou la cinquantaine, votent à des niveaux moindres que leurs aînés. Le déclin de la participation électorale au Canada constitue une tendance profonde depuis des générations, et il faudra plus que des mesures à court terme et à petite échelle pour la renverser.

À ce problème s'ajoute l'effet de la baisse de compétition entre les partis, du moins selon la perception du public. Une partie de la réponse au problème grandissant de l'abstention est le sentiment de plus en plus répandu de l'inutilité de la participation électorale. Cette inutilité comprend deux aspects. Le premier est l'absence d'une opposition solide qui mettrait en doute l'issue générale d'une élection fédérale et susciterait de l'intérêt pour la campagne. Le deuxième est l'absence de compétition locale entre les partis dans bon nombre de circonscriptions. Bien qu'on ne puisse jamais être certain qu'une telle situation durera, on ne voit guère de signes d'un regain prochain de compétitivité parmi les partis politiques canadiens. À moins d'un revirement imprévu, il n'y a aucune raison de s'attendre à ce que le taux de participation électorale se mette à augmenter de façon importante. Les changements de leadership en cours dans plusieurs des grands partis pourraient raviver l'intérêt des citoyens lors de la prochaine élection, mais l'effet risque d'être de courte durée à moins que le contexte fondamental de concurrence ne change.

Cette conclusion plutôt pessimiste n'exclut aucunement des mesures à court ou à long terme pour favoriser la participation ou pour rendre le processus de vote plus accessible. Nous croyons en effet, d'après les données recueillies dans ce rapport, que des efforts supplémentaires sur le plan de l'éducation et de l'administration pourraient porter fruit.

D'abord, en ce qui concerne l'éducation, on se souviendra qu'une majorité des sondés croient que des améliorations à l'éducation et à l'information des électeurs constituent la meilleure façon d'intéresser les jeunes à la politique et aux élections (tableau 43). En mettant davantage l'accent sur « l'éducation civique » dans les écoles, en particulier dans l'optique de la participation sociale et politique, on véhiculera un message positif sur les avantages de l'action collective dans l'accomplissement des devoirs civiques. Élections Canada appuie cette démarche en fournissant de la documentation et du matériel éducatifs aux écoles et aux groupes qui en font la demande.

En ce qui concerne la réforme électorale, nous ne constatons pas de mouvement généralisé en faveur du remplacement en bloc du système électoral actuel, ou d'autres réformes majeures. Nous avons toutefois été impressionnés par l'ouverture au changement manifestée par de nombreux répondants, notamment en ce qui concerne l'introduction de la représentation proportionnelle. Au Canada, ces questions font actuellement l'objet d'un débat animé, qui est appelé à se poursuivre et à s'intensifier. Dans la mesure où ce débat soulève des questions sur les exigences de la citoyenneté démocratique et les structures institutionnelles les plus aptes à permettre son exercice, il est possible qu'on assiste à un regain d'intérêt pour la participation électorale.

Quant à l'administration électorale, la présente étude démontre amplement que des efforts supplémentaires s'imposent pour assurer l'inscription, dans le Registre national des électeurs, du nombre maximal de citoyens, notamment des jeunes atteignant l'âge de voter. En outre, la prédominance dans cette étude des motifs d'abstention liés au manque de temps ou à l'absence de la circonscription amène à penser que les nouvelles technologies pourraient fournir des solutions à ces problèmes. En particulier, le public semble appuyer l'introduction d'un système d'inscription, de modification de données et de vote par Internet. Cet appui est particulièrement manifeste chez les jeunes qui n'ont pas participé aux élections des années récentes, mais qui ont exprimé le désir de voter par ordinateur. Bien qu'il soit impossible d'évaluer avec une parfaite précision le nombre de personnes qui pourraient tirer profit des procédés Internet, surtout parmi ceux qui n'exercent pas actuellement leur droit de vote, rien ne permet d'exclure que ce changement administratif aurait un effet bénéfique sur le taux de participation.