Pourquoi la participation décline aux élections fédérales canadiennes : un nouveau sondage des non-votants
11. Les facteurs personnels/administratifs
On peut maintenant revenir aux raisons personnelles ou administratives invoquées par les non-votants, telles que définies dans l'analyse factorielle du tableau 2 et observées plus en détail aux tableaux 7 à 11 : ne pas savoir ni où ni quand voter, ne pas figurer sur la liste électorale, être malade, à l'extérieur de la ville ou occupé par le travail.
B non standardisé | Erreur-type | Bêta | |
---|---|---|---|
Âge |
-0,0002
|
0,002
|
-0,03
|
Scolarité |
-0,006
|
0,017
|
-0,12*
|
Né au Canada |
-0,140
|
0,103
|
-0,04
|
Urbain/rural |
-0,003
|
0,025
|
-0,05
|
Durée de résidence |
0,002
|
0,021
|
0,04
|
Facteurs personnels/administratifs pour l'abstention 2000? |
0,330
|
0,032
|
0,32*
|
Facteurs d'indifférence pour l'abstention 2000? |
-0,163
|
0,032
|
-0,16*
|
R2 = 0,156 N = 923 ? = cotes de facteurs * = statistiquement significatif <,01 |
Le tableau 50 montre la différence entre les raisons personnelles/administratives et les raisons de désintérêt chez les non-votants. Il présente les résultats d'une analyse de régression multiple où la variable dépendante est la réponse à la question : « Quelles sont les chances que vous votiez aux prochaines élections fédérales générales? » Nous avons utilisé ici les cotes de facteurs « personnel/administratif » et « désintérêt » de l'analyse factorielle du tableau 2 comme prédicteurs indépendants des intentions de vote futures, ainsi qu'une sélection de variables démographiques. Le tableau 50 indique que les non-votants de 2000 pour qui les motifs d'abstention personnels/administratifs étaient importants sont fortement associés à l'intention de voter à l'avenir (Bêta = 0,316, p<0,000). Cependant, le fait de citer le désintérêt comme motif d'abstention en 2000 est associé au phénomène contraire : une plus faible intention de voter à l'avenir (Bêta = -0,156, p<,000). La seule variable démographique de cette analyse qui s'avère statistiquement significative est le niveau de scolarité (Bêta = -0,12, p<,000). L'âge, la durée de résidence dans la collectivité, être né au Canada et résider en milieu urbain ou rural ne constituent pas des prédicteurs significatifs.
Ainsi, les non votants de 2000 qui déclarent s'être abstenus de voter à cause de « facteurs personnels/administratifs » sont en fait très différents de ceux qui ne sont pas intéressés par la politique ou les élections. Tout indique qu'ils souhaiteraient voter à l'avenir s'ils pouvaient surmonter ce qu'ils percevaient comme des obstacles au vote en 2000. Toute modification dans les procédures électorales susceptible de faciliter l'inscription ou le vote pour ce groupe pourrait bien contribuer à leur entrée dans l'électorat actif.
Tableau 51 « Est-ce que votre nom apparaissait sur la liste électorale? »
Tableau 52 « Problème pour vérifier que votre nom apparaissait sur la liste? »
Tableau 53 « Problème pour trouver où voter? »
Le tableau 51 fournit des précisions sur la couverture de la liste électorale de l'élection fédérale de 2000. Lorsque l'on demandait directement aux répondants si leur nom apparaissait sur la liste, 81,7 % ont répondu oui, 9,7 % non et 8,5 % ne savaient pas. La division de ce tableau en votants et non-votants produit une différence considérable, qui témoigne sans doute du manque d'intérêt de certains non-votants envers le processus. On voit que parmi les non-votants de cette élection, seulement 69,7 % savaient qu'ils étaient inscrits, 15,6 % ont affirmé qu'ils ne l'étaient pas et 14,7 % ne savaient pas. Un nombre relativement faible des votants de 2000 rapportent que leur nom n'apparaissait pas sur la liste. On ne peut interpréter cette réponse avec certitude, étant donné que leur nom aurait finalement figuré sur la liste s'ils avaient voté, même s'il avait été ajouté au bureau de scrutin. On présume que les votants qui ont affirmé ne pas figurer sur la liste voulaient dire que leur nom n'apparaissait pas au départ, mais qu'ils l'ont fait ajouter à un moment donné.
Les tableaux 52 et 53 montrent les résultats obtenus lorsqu'on a demandé aux votants et aux non-votants s'ils avaient rencontré des problèmes pour s'assurer que leur nom apparaissait sur la liste électorale et pour trouver où voter. Moins de 10 % de tous les répondants ont fait état de problèmes, le pourcentage étant naturellement plus élevé chez les non votants. Par ailleurs, 9,4 % des non-votants ont dit avoir eu un problème pour s'assurer que leur nom apparaissait sur la liste; 7,2 % ne savaient que répondre sur ce point. En outre, 12,4 % des non-votants ont indiqué avoir rencontré des problèmes pour trouver où voter, peut-être parce qu'ils n'ont pas reçu de carte d'information de l'électeur.
Nous avons demandé à ceux qui ont mentionné un des problèmes cités aux tableaux 52 et 53 d'en préciser la nature (tableau 54). Les réponses multiples étaient permises.
Pourcentage de répondants* | |
---|---|
Non inscrit; nom absent de la liste |
23,2
|
Difficulté pour trouver où/quand voter |
21,8
|
Problèmes avec le bureau de scrutin |
7,3
|
À l'extérieur de la circonscription |
5,9
|
Trop occupé |
3,6
|
En déménagement/récemment déménagé |
10,9
|
Manque d'intérêt, d'information (non administratif) |
17,2
|
Problèmes politiques (non administratif) |
5,5
|
Autres |
3,6
|
N = 220 * réponses multiples permises |
Le tableau 54 traite de problèmes particuliers mentionnés par un cinquième des non-votants de l'étude. Ceux qui ont rencontré des problèmes d'inscription ont dit avoir dû faire des recherches ou des démarches pour s'inscrire, ou pour rectifier l'information à leur sujet. Certains n'avaient pas reçu de carte d'information de l'électeur; d'autres ont eu du mal à savoir comment ou à quel endroit rectifier l'information. Quelques-uns se sont plaints que personne n'était venu chez eux pour les inscrire. Pour les problèmes de la deuxième catégorie, la plupart des répondants ne savaient pas où était leur bureau de scrutin. Pour certains, le bureau de scrutin posait un problème de distance ou d'accessibilité. Quelques personnes ont eu l'impression qu'on voulait se débarrasser d'elles quand on les a envoyées à un autre bureau de scrutin. Quant aux autres problèmes de nature personnelle ou administrative – être à l'extérieur de la circonscription, trop occupé, ou avoir déménagé récemment – nous les avons déjà vus dans les réponses aux questions.
Tableau 55 Vu la publicité télévisée d'Élections Canada
Tableau 56 Trouvé la publicité télévisée claire ou vague
Enfin, les tableaux 55 et 56 rapportent les résultats obtenus en demandant aux répondants s'ils avaient vu, lors de la campagne de 2000, la publicité télévisée d'Élections Canada sur le thème « Êtes vous sur la liste? » Ce message informatif a suscité la controverse parce qu'on y affirmait que les personnes non inscrites ne pourraient pas voter, sans préciser que l'inscription pouvait se faire le jour de l'élection au bureau de scrutin. Certains commentateurs estimaient que cela pouvait décourager la participation.
Les résultats indiquent que la publicité télévisée semble avoir eu une visibilité et un impact importants : plus des deux tiers des répondants (68,9 %) pouvaient se rappeler l'avoir vue un an et demi après sa diffusion (tableau 55). Nous ne sommes pas au courant des indices de succès des campagnes de marketing commerciales, mais il semble probable qu'un tel niveau de rétention constitue un bon résultat. Le tableau 56 montre par ailleurs que peu de gens ont trouvé l'annonce « vague ». Environ 7 % seulement de ceux qui l'ont vue ont déclaré l'avoir trouvée vague, même « un peu ». La proportion de non-votants qui l'ont trouvée vague était de 10 %, un résultat qui n'appuie guère la thèse des critiques de la campagne.