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Pourquoi le taux de participation est-il plus élevé dans certains pays que d'autres?


1. La mesure du taux de participation

On retrouve dans la littérature deux mesures de la participation électorale, selon que l'on utilise la population en âge de voter ou le nombre d'électeurs inscrits sur la liste électorale comme dénominateur.

1.1. Les données du recensement

Aucun des deux indicateurs n'est parfait. Le premier est fondé sur les recensements officiels nationaux de population. Il se veut plus inclusif car il permet de prendre en compte les électeurs qui pour une raison ou une autre ne sont pas inscrits sur la liste électorale. Il est souvent utilisé dans les pays où la sous-inscription sur les listes électorales est considérable, comme aux États-Unis. Il risque cependant d'être trop inclusif. La procédure habituelle consiste en effet à estimer la population en âge de voter, ce qui comprend des personnes qui n'ont pourtant pas le droit de vote, notamment parce qu'elles n'ont pas la qualité de citoyen2. Si certains pays accordent assez facilement la citoyenneté aux nouveaux arrivants, d'autres sont nettement plus réticents à le faire et leur population totale inclut un nombre élevé de non-citoyens qui n'ont pas le droit de vote. De plus, les recensements de population sont effectués à des intervalles qui diffèrent d'un pays à l'autre (cinq ans au Canada, entre sept et neuf ans en France), et à des moments qui ne coïncident pas nécessairement avec les années électorales, ce qui nécessite des ajustements qui, particulièrement pour des élections récentes, peuvent s'avérer laborieux et aléatoires.

1.2. Les données électorales officielles

Quant au taux de participation officiel, fondé sur la comparaison entre les votants et les électeurs inscrits, il est lui aussi critiquable. Sa fiabilité dépend de la qualité des mécanismes de préparation des listes et de l'honnêteté avec laquelle ces mécanismes ont été appliqués, deux facteurs qui peuvent varier énormément d'un pays à l'autre. Rien ne garantit que la liste électorale contient les noms de toutes les personnes ayant le droit de voter, ni qu'elle ne contient pas ceux de personnes qui n'ont pas ou plus qualité d'électeur. Malgré ses imperfections reconnues, ce taux est celui qu'emploient les documents officiels.

Les deux mesures ont leurs biais : un calcul fondé sur la population en âge de voter peut sous-estimer le taux de participation, parce que le dénominateur est artificiellement gonflé par la présence de personnes n'ayant pas le droit de vote. Un calcul fondé sur les électeurs inscrits peut le surestimer (si la liste et donc le dénominateur n'incluent pas toutes les personnes qui ont le droit de vote) ou au contraire le sous-estimer (si la liste a été artificiellement gonflée par des inscriptions doubles ou fictives). C'est pourquoi nous allons utiliser l'une et l'autre mesures dans nos analyses. L'annexe C indique le taux de participation, calculé de l'une et de l'autre façons, pour chacune des élections retenues aux fins de cette étude. À noter que l'information sur la participation en fonction de la population en âge de voter est plus souvent manquante, en particulier pour les élections les plus récentes.


2 Une étude récente (McDonald and Popkin 2001) montre que le calcul du taux de participation en fonction de la population en âge de voter amène à une sous-estimation importante du taux de participation aux États-Unis. La même étude indique qu'il n'y a pas eu déclin de la participation électorale aux États-Unis lorsqu'on tient compte du nombre croissant d'Américains qui n'ont pas le droit de vote parce qu'ils n'ont pas la citoyenneté ou sont en prison.