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Participation électorale des jeunes au Canada

3. Comparaison entre les jeunes qui participent aux élections et ceux qui n'y participent pas

La présente section porte exclusivement sur les jeunes et sur ce qui distingue les jeunes qui votent de ceux qui s'abstiennent de voter. Aux fins de cette analyse, les données des Études électorales canadiennes de 1997, 2000, 2004, 2006 et 2008 ont été regroupéesnote 7. Afin d'obtenir un nombre suffisant de personnes qui votent et qui ne votent pas au sein de nos deux groupes de jeunes, nous devions regrouper ces cinq études. Comme tout sondage sur les élections, l'EEC surestime la participation, parce que les personnes qui ne s'intéressent pas à la politique (et qui sont moins portées à voter) sont moins susceptibles de répondre aux sondages électoraux (Brehm, 1993). Nous avons donc pondéré les données de façon à ce que le taux de participation électoral établi en fonction des réponses données volontairement au sondage corresponde au taux officiel de participation fourni par Élections Canada. Dans cette partie de l'analyse, nous avons recours aux mêmes groupes d'âge que ceux que nous avions utilisés dans une version antérieure du rapport, à savoir les 18-24 et 25-30 ans.

Pour comparer les jeunes qui votent à ceux qui ne votent pas, nous commençons par une analyse des facteurs sociodémographiques, suivie d'une analyse des facteurs liés à l'engagement politique. Dans les deux cas, nous nous penchons sur les liens simples entre deux variables (c.-à-d. sur les liens entre le fait de voter et un autre facteur). Par la suite, nous tenons compte de l'incidence de l'ensemble de facteurs multiples afin de déterminer l'incidence indépendante de chacun.

Comme nous le constaterons, tous les facteurs n'ont pas la même incidence sur la décision de voter (p. ex. le sexe) tandis que d'autres semblent avoir une incidence différente d'un groupe d'âge à un autre (p. ex. le mariage). Enfin, les facteurs politiques semblent peser davantage que les facteurs sociodémographiques.

Facteurs sociodémographiques

Notre analyse porte d'abord sur les facteurs sociodémographiques. Le tableau 2 montre une estimation de la proportion de personnes qui participent aux élections au sein de chacun des groupes. Plusieurs tendances importantes se dégagent. La plus évidente est celle selon laquelle, quelles que soient les autres variables, la participation électorale augmente dans chaque catégorie à mesure que l'âge des répondants augmente. Prenons, par exemple, les personnes dont le revenu familial est inférieur à 40 000 $ par année. Chez les 18 à 24 ans, elles sont 34 % à voter. En comparaison, chez les 25 à 30 ans, elles sont 41 % à affirmer qu'elles votent. Nous avons constaté cette augmentation avec l'âge dans chacune des catégories (et nous illustrons aussi cette tendance générale dans la prochaine section).

Lorsqu'on compare les votants aux non-votants, le sexe ne semble avoir aucune incidence. En effet, l'écart entre les hommes et les femmes ne dépasse pas 1,5 point de pourcentage. Il semble cependant que le revenu ait une plus grande incidence sur la décision de participer ou non aux élections. En effet, l'écart entre les personnes qui participent aux élections et dont le revenu familial est inférieur à 40 000 $ et celles dont le revenu est supérieur à 40 000 $ est de 6 points de pourcentage chez les 18 à 24 ans et de 11 points de pourcentage chez les 25 à 30 ans. L'incidence d'une éducation postsecondaire est similaire, mais son importance est plus grande : le taux de participation chez les jeunes de 18 à 24 ans qui ont fait des études postsecondaires est supérieur de 9 points de pourcentage au taux de participation des autres jeunes, et cet écart atteint 17 points de pourcentage chez les jeunes de 25 à 30 ans.

Le fait d'étudier semble aussi avoir une incidence. En effet, selon nos résultats, les jeunes de 18 à 24 ans qui étudient sont plus susceptibles de participer aux élections (l'écart est de 9 points de pourcentage). Il n'y a cependant pas d'écart chez les jeunes de 25 à 30 ans.

Tableau 2 : Taux de participation par groupe sociodémographique
Âge Hommes (%) Femmes (%)
 18-24  37,9 36,6 
 25-30  46,3  47,6 
Âge <40 000$ 40 000 $ et plus
 18-24  33,7 39,3
 25-30  41,0  52,3 
Âge Absence d’études postsecondaires Études postsecondaires
 18-24  32,0  41,1
 25-30  35,2  52,5 
Âge Non étudiant Étudiant
 18-24  33,8  43,4
 25-30  47,0  46,3 
Âge Non marié Marié
 18-24  38,2  33,5 
 25-30  44,4  49,6 
Âge Zone urbaine Zone rurale
 18-24  36,1  42,8 
 25-30  49,9  37,9 
Âge Non croyant Croyant
 18-24  34,4  38,4 
 25-30  46,4  48,0 
Âge Né à l’étranger Né au Canada
 18-24  26,9 38,8 
 25-30  43,5  47,9 

Les données sont tirées des Études électorales canadiennes de 1997, 2000, 2004, 2006 et 2008.

Nous avons constaté que le lieu où vit une personne a une incidence sur sa participation électorale. Chez les jeunes de 18 à 24 ans, ceux qui vivent en zone rurale sont plus nombreux de 7 points de pourcentage à voter que ceux qui vivent en zone urbaine. La tendance est toutefois inversée chez les jeunes de 25 à 30 ans, puisque ceux qui vivent en zone urbaine sont 12 points de pourcentage plus nombreux à voter. Il s'agit d'une tendance déconcertante que nous ne parvenons pas pour l'instant à expliquer. Toutefois, l'hypothèse la plus plausible est que cela est dû aux différences entre les deux groupes d'âge en zone rurale attribuables à la mobilité. On constate une migration générale de la population des zones rurales vers les zones urbaines. Cependant, les personnes les plus instruites et les mieux nanties, qui recherchent des emplois mieux rémunérés ou qui souhaitent faire des études supérieures sont les plus susceptibles d'opérer cette migration. En conséquence, les personnes qui ont quitté le milieu rural lorsqu'elles atteignent notre deuxième groupe d'âge sont plus susceptibles de voter que celles qui ont décidé de rester en zone rurale.

Malheureusement, l'EEC ne tient pas compte de la mobilité, même si nous pensons que celle-ci joue un rôle important dans le faible taux de participation chez les jeunes. Il serait certainement pertinent d'étudier ce facteur plus en détail à l'avenir.

Le mariage semble aussi avoir une incidence contradictoire. Au sein du groupe le plus jeune, les célibataires sont plus susceptibles de voter que les personnes mariées. En effet, l'écart est d'environ 5 points de pourcentage. Cependant, chez les 25 à 30 ans, l'écart s'inverse, puisque les personnes mariées sont plus susceptibles de voter que les autres. Encore une fois, nous ne disposons pas de données qui nous permettraient d'expliquer clairement cette tendancenote 8; soulignons toutefois que, selon les analyses à variables multiples que nous avons effectuées par la suite, le mariage ne semble pas avoir une incidence.

Le critère religieux est connu depuis longtemps pour son influence sur la participation électorale (voir, par exemple, Abramson et coll., 2006, p. 90, tableau 4.4). Nos données vont aussi dans ce sens, particulièrement chez les électeurs les plus jeunes. Les citoyens de 18 à 24 ans qui adhèrent à une religion sont 4 points de pourcentage plus nombreux à voter que ceux qui n'adhèrent à aucune religion. Cet écart chute à moins de 2 points de pourcentage chez les jeunes de 25 à 30 ans.

Enfin, nous constatons que le fait d'être né au Canada ou non a une grande incidence sur la décision de participer aux élections, mais que cette incidence diminue avec l'âge. Chez les jeunes de 18 à 24 ans, ceux qui sont nés au Canada sont beaucoup plus susceptibles de voter. En fait, l'écart atteint 12 points de pourcentage; aucun autre facteur sociodémographique n'entraîne un écart aussi important. Toutefois, cet écart diminue rapidement puisqu'il n'est que de 4 points de pourcentage chez les jeunes de 25 à 30 ans. Ces résultats donnent à penser qu'il faut, aux personnes nées à l'extérieur du Canada, un peu plus de temps pour se familiariser avec la politique canadienne. Ils donnent toutefois aussi à penser que les personnes nées à l'étranger finissent par se sentir à l'aise avec la politique canadienne et par participer aux élections. Il reste cependant à déterminer si l'incidence de ce facteur demeure aussi importante quand on tient compte d'autres facteurs politiques. Anticipant les résultats, nous voyons que même en tenant compte des facteurs politiques, les personnes qui sont nées à l'étranger sont beaucoup moins susceptibles de voter. Cela donne à penser qu'il y a, dans le processus d'immigration, quelque chose qui rend le vote plus difficile ou moins intéressant, même pour les immigrants qui connaissent bien la politique canadienne et qui y participent.

Facteurs liés à l'engagement politique

La décision que prend une personne de voter ou de s'abstenir est probablement influencée non seulement par des facteurs sociodémographiques, mais aussi par son engagement en politique. Nous examinons d'abord l'intérêt des gens pour la politiquenote 9. Il n'est guère surprenant de constater que les personnes qui se disent très intéressées par la politique sont plus susceptibles de voter. En fait, chez les jeunes de 18 à 24 ans, il y a un écart de 22 points de pourcentage entre ceux qui ont affirmé avoir un intérêt moyen ou élevé pour la politique et ceux qui ont affirmé être peu intéressés. Cet écart est encore plus important chez les jeunes de 25 à 30 ans, puisqu'il atteint 28 points de pourcentage (tableau 3).

La tendance est la même quand on observe le degré d'information sur la politique. On le mesure par le nombre de bonnes réponses à une série de questions factuelles, ou par une entrevue (voir Blais et coll., 2009)note 10. Les jeunes de 18 à 24 ans moyennement ou très informés sur le plan politique sont 23 points de pourcentage plus nombreux à voter que ceux peu informés à ce sujet. Cet écart augmente pour atteindre 27 points de pourcentage chez les 25 à 30 ansnote 11. Tout comme l'intérêt pour la politique, le degré d'information sur la politique joue un rôle très important dans la décision de participer aux élections fédérales.

Les événements organisés pendant les campagnes électorales peuvent aussi inciter les gens à aller voter. Le débat des chefs est l'événement le plus important. Les électeurs de toute allégeance peuvent, en regardant le débat, avoir une meilleure idée de ce qui distingue les partis et avoir ainsi des raisons concrètes de se rendre au lieu de scrutin pour déposer leur bulletin de vote. Selon les données de l'EEC, chez les jeunes de 18 à 24 ans, l'écart de participation entre ceux qui ont regardé le débat et ceux qui ne l'ont pas regardé est de 24 points de pourcentage. Il est à peu près équivalent (24 points de pourcentage) chez les jeunes de 25 à 30 ans.

Tableau 3 : Taux de participation en fonction des facteurs politiques
Âge Faible intérêt pour la politique Intérêt modéré ou élevé pour la politique
 18-24  24,2  46,6 
 25-30  32,5  60,5 
Âge Peu informé sur la politique Moyennement ou très informé sur la politique
 18-24  24,8  47,5
 25-30  31,4  58,5 
Âge N'a pas regardé le débat A regardé le débat
 18-24  33,.9  58,3 
 25-30  43,.2  67,4 
Âge Ne participe pas à d'autres activités politiques Participe à d'autres activités politiques
 18-24  29,5 45,8 
 25-30  40,9  51,4 
Âge N'utilise pas Internet pour s'informer Utilise Internet pour s'informer
 18-24  29,2 45,6 
 25-30  37,3  62,8 

Les données sont tirées des Études électorales canadiennes de 1997, 2000, 2004, 2006 et 2008.

Jusqu'à maintenant, nous avons analysé les facteurs de participation dans le contexte de la politique électorale officielle. Nous voulions toutefois connaître le lien entre la participation à d'autres activités sociales ou politiques et la décision de voter aux élections. Par exemple, y a-t-il un lien entre le fait de participer à une manifestation ou à d'autres gestes politiques non conventionnels et la décision de voter? On entend parfois dire que les jeunes ne votent pas parce qu'ils prennent part à des activités politiques plus significatives. Si cette hypothèse était vraie, nous devrions découvrir que la participation aux élections est au moins un peu moins élevée chez les citoyens qui participent à d'autres activités politiques, par exemple à des manifestations ou à la signature de pétitions. Dans le cadre de l'EEC relative à trois élections (2000, 2004 et 2008), on a demandé aux répondants de mentionner à combien d'activités politiques diverses, comme signer une pétition, participer à un boycott, participer à une manifestation licite ou illicite, ou occuper un immeuble ou une usine, ils avaient participé. Finalement, il semble que les personnes qui participent à d'autres activités politiques sont plus susceptibles de participer aux élections fédérales que les personnes qui ne participent pas à d'autres activités. Chez les jeunes de 18 à 24 ans, l'écart entre ceux qui ont participé à d'autres activités et ceux qui ne l'ont pas fait est de 16 points de pourcentage. Cet écart est moins important chez les 25 à 30 ans, mais il atteint tout de même 11 points de pourcentage. La participation à d'autres activités politiques semble donc pousser les citoyens à voter beaucoup plus jeunes. Chez les personnes qui ne participent pas à des manifestations, l'écart est comblé plus tard par d'autres facteurs positifs, comme l'âge, l'augmentation du revenu, l'augmentation du niveau d'instruction, etc.

Enfin, nous avons tenté de déterminer si le fait d'accéder à de l'information sur la politique par Internet a une incidence sur la participation électorale chez les jeunes. Dans le cadre de l'EEC relative à quatre élections (2000, 2004, 2006 et 2008), on a demandé aux Canadiens s'ils s'étaient servis d'Internet pour obtenir de l'information sur l'élection fédérale. On a constaté que les Canadiens qui avaient utilisé Internet pour obtenir de l'information étaient plus susceptibles de voter. Chez les plus jeunes, l'écart de participation entre ceux ayant obtenu de l'information sur Internet et les autres est de presque 16 points de pourcentage. Ce taux atteint 26 points de pourcentage chez les 25 à 30 ans. Si le lien de causalité peut aller dans les deux sens, nous estimons que l'accès à Internet permet probablement d'obtenir plus facilement l'information requise pour voter et que c'est probablement pour cette raison que le taux de participation est plus élevé chez les personnes qui utilisent Internetnote 12.

Ces résultats donnent à penser que plusieurs facteurs différencient les jeunes Canadiens qui participent aux élections de ceux qui n'y participent pas. Certains sont liés à leur position dans la vie, tandis que d'autres sont liés à leur intérêt et leur engagement en politique. Pour savoir quels sont les facteurs les plus importants, nous avons effectué une analyse de régression logistique afin de tenir compte d'abord de tous les facteurs sociodémographiques avant d'ajouter les facteurs politiques. Les résultats de cette analyse de régression nous révèlent les facteurs les plus déterminants dans la participation électorale des jeunes et ceux qui n'ont pas d'incidence à eux seulsnote 13.

Le tableau A1 (fourni en annexe) permet de connaître l'incidence de chaque facteur de façon autonome, tandis que le tableau 4 résume l'incidence des facteurs les plus importants. La première série de résultats met l'accent sur les caractéristiques sociodémographiques. Selon ces résultats, le niveau d'instruction et le lieu de naissance sont les deux facteurs les plus importants. Les gens qui ont fait des études postsecondaires sont plus susceptibles, à 52 %, de voter que ceux qui n'en ont pas fait, tandis que les gens nés au Canada sont plus susceptibles, à 61 %, de voter que ceux qui sont nés à l'étranger. Viennent ensuite quatre autres facteurs – l'âge, le revenu, le sexe et le lieu de résidence – qui ont une incidence moyenne. En effet, nous avons constaté que les personnes dont le revenu est supérieur à 40 000 $ sont plus susceptibles de voter, tout comme les personnes qui ont de 25 à 30 ans (par rapport aux personnes de 18 à 24 ans). Soulignons toutefois que l'âge a probablement une incidence beaucoup plus importante si l'on compare les personnes de plus de 30 ans à celles visées par notre étude. Nous constatons que les femmes sont moins susceptibles de voter, tout comme, en moyenne, les personnes qui vivent en zone rurale. Ces deux facteurs perdent toutefois de leur importance quand nous les combinons à d'autres facteurs politiques.

Si l'on tient compte à la fois des facteurs politiques et des facteurs sociodémographiques, on constate que le niveau d'instruction a beaucoup moins d'incidence, si bien que le résultat perd toute signification statistique. Cela signifie que, si les personnes qui ont fait des études postsecondaires sont plus nombreuses à voter, c'est surtout parce qu'elles accordent plus d'importance aux questions politiques. Selon les données qui figurent dans le tableau 4, la décision de voter ou de ne pas voter est intimement liée au degré d'intérêt et d'information d'une personne. Les personnes qui se disent moyennement ou très intéressées par la politique en général (environ 47 % des 18 à 24 ans et 61 % des 25 à 30 ans) sont plus susceptibles de voter. En fait, elles ont 88 % plus de chances de voter que les jeunes qui disent ne pas être très intéressés par la politique. Le degré d'information sur la politique a aussi une très grande incidence. Chez les personnes qui estiment être moyennement ou très informées sur la politique (48 % des jeunes de 18 à 24 ans et 59 % des jeunes de 25 à 30 ans), le taux probable de participation aux élections est 89 % plus élevé que chez ceux qui sont peu informésnote 14. Ces deux facteurs, qui ont la plus grande incidence, ont donc un lien avec le caractère intellectuel de l'engagement en politique. En fait, si nous regroupons l'intérêt et le degré d'information en un seul facteur que nous pourrions qualifier d'« engagement », nous constatons que les personnes qui font preuve d'un grand engagement sont plus que trois fois plus susceptibles que les autres de voter (résultat non présenté dans un tableau).

Selon nos constatations, si les femmes sont moins nombreuses à participer aux élections, c'est également parce qu'elles sont moins nombreuses à s'intéresser à la politique. En effet, si l'on tient compte de l'intérêt et du degré d'information, on constate qu'il n'y a plus aucun écart entre les sexes ni entre les personnes vivant en zone rurale ou urbaine. La situation est toutefois différente au niveau du revenu et de l'origine. Dans ces cas, les relations initiales se maintiennent malgré l'introduction de l'intérêt et du degré d'information. Il est probable que les jeunes nés au Canada et plutôt bien nantis sont davantage intégrés dans leur collectivité. Cette constatation vient appuyer l'hypothèse selon laquelle le fait de voter constitue, pour une personne, une façon d'exprimer son appartenance sociale et psychologique à la société.

Tableau 4 : Facteurs qui ont le plus d'incidence sur la décision de voter
chez les jeunes (de 18 à 30 ans)
Facteurs sociodémographiques Incidence relative
Modèle 1 – sans les facteurs politiques)
Né au Canada 1,61
Études postsecondaires 1,52
Âge 1,37
Revenu supérieur à 40 000 $ 1,27
Femme 0,83
Zone rurale 0,74
Modèle 2 – Avec les facteurs politiques
Né au Canada 1,91
Informé sur la politique 1,89
Intérêt pour la politique 1,.88
Revenu supérieur à 40 000 $ 1,26

Les données sont tirées des Études électorales canadiennes de 1997, 2000, 2004, 2006 et 2008. Chaque chiffre désigne la variation de la probabilité qu'une personne vote selon certains facteurs. Les estimations sont faites à partir du modèle présenté dans le tableau A1.

Le fait de combiner tous ces renseignements nous permet de dresser un profil du jeune votant et du jeune abstentionniste moyens. Le jeune votant moyen s'intéresse à la politique et est informé à ce sujet. L'abstentionniste moyen ne l'est pas. Sur le plan démographique, le votant moyen est susceptible de vivre dans un foyer plus riche, et il est plus susceptible d'être né au Canada. Les autres facteurs ne permettent pas de distinguer les votants des abstentionnistes.


Note 7 Le fait de regrouper nos ensembles de données se justifie par l'hypothèse selon laquelle les facteurs politiques et sociodémographiques ont les mêmes répercussions à chaque élection. Étant donné que chaque étude portait sur un petit nombre de jeunes répondants, il serait difficile d'effectuer une analyse pour chaque élection. Nous avons cependant examiné les régressions pour chaque année séparément, et nous n'avons constaté aucun écart important entre les élections. Nous avons donc choisi de conserver la méthode d'analyse des données regroupées.

Note 8 Stoker et Jennings (1995) ont indiqué que le fait de se marier avait, au départ, une incidence négative sur la participation électorale, mais que cette incidence était positive à long terme. Les données canadiennes entraînent les mêmes constatations.

Note 9 Pour mesurer l'intérêt pour la politique, nous avons demandé aux gens dans quelle mesure ils s'intéressaient à la politique de façon générale. Ils pouvaient donner une réponse allant de 0 (pas intéressé du tout) à 10 (très intéressé). Nous avons considéré que les personnes qui répondaient 4 ou plus avaient un intérêt moyen ou élevé pour la politique.

Note 10 Pour mesurer le degré d'information politique, nous avons utilisé deux méthodes. En 2000, la mesure était fondée sur les connaissances politiques générales des répondants, sur leur capacité à nommer correctement les chefs de parti ou les positions et les promesses des partis, ainsi que sur leur capacité à fournir, de façon approximative, le montant de l'excédent budgétaire fédéral. Pour toutes les autres années, les connaissances politiques ont été évaluées par la personne qui faisait subir l'entrevue aux répondants. Bartels (1996) allègue, de façon convaincante, que l'évaluation des connaissances par un intervieweur constitue un indicateur valide des connaissances politiques des répondants et de la mesure dans laquelle ils sont informés sur le plan politique.

Note 11 Dans certains cas, les écarts entre votants et non-votants diffèrent passablement par rapport à la version antérieure de notre rapport. Cela est attribuable à deux facteurs : premièrement, le nombre de répondants était légèrement plus élevé en 2008 que par le passé, ce qui donne plus de poids aux réponses de 2008; deuxièmement, l'exactitude des mesures varie d'une année à l'autre, ce qui entraîne des écarts plus ou moins grands entre votants et non-votants. Tous les écarts présentés vont toutefois dans le sens du rapport précédent, ce qui indique une tendance uniforme de nos variables clés. Ce constat s'applique également aux résultats de notre analyse de régression présentée dans la prochaine section.

Note 12 Il faut aussi tenir compte de deux autres facteurs : l'appartenance à un parti et le cynisme. Il s'agit toutefois de facteurs qui ne sont pas visés par l'EEC. D'abord, il existe probablement un lien positif entre le fait d'appartenir à un parti et celui de voter. Cependant, l'EEC n'a utilisé l'appartenance à un parti comme mesure qu'à une seule occasion, ce qui fait que nous ne disposons pas de suffisamment de données pour vérifier ce lien. Soulignons toutefois que les jeunes Canadiens sont relativement peu nombreux à être membres d'un parti (Cross 2004) et que, par conséquent, la diminution de la participation électorale pourrait être en partie le résultat de ce faible engagement à l'égard de la politique. L'inverse peut toutefois aussi être vrai : les gens qui sont membres d'un parti sont plus susceptibles de s'engager en politique. Ensuite, on entend souvent dire que, si les jeunes votent moins, c'est parce qu'ils sont plus cyniques que leurs aînés au sujet de la politique. L'EEC ne permet pas de mesurer de façon constante le cynisme d'une année à l'autre, mais aucun lien entre le cynisme et la participation électorale n'a pu être établi par Blais et coll. (2002, tableau 3.1, p. 51).

Note 13 Nous avons tenu compte seulement des facteurs visés par toutes les EEC. En conséquence, nous avons exclu les autres activités politiques, ainsi que l'utilisation d'Internet.

Note 14 À noter que dans la deuxième série de régressions, l'âge n'est pas un facteur significatif, contrairement à notre rapport précédent. À cet égard, nous avons deux réserves importantes : d'une part, l'effet estimatif de l'âge est statistiquement impossible à distinguer de zéro, mais aussi de l'effet estimatif de l'âge que nous avions noté auparavant; d'autre part, l'effet en fonction de l'âge découle largement du fait que l'intérêt et les connaissances des électeurs augmentent avec les années.