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Participation électorale de divers groupes de jeunes Canadiens à l'élection fédérale de 2015

Introduction

Dans de nombreuses démocraties occidentales, la participation électorale est à la baisse. Au Canada, comme dans d'autres pays, le déclin de la participation a tendance à être observé surtout chez les jeunes citoyens (Blais et coll. 2004, Dalton 2007, Blais et Loewen 2011). Cependant, les jeunes ne « décrochent » pas tous de la politique électorale au même rythme. En effet, plusieurs études ont présenté des données probantes selon lesquelles certains jeunes peuvent être plus susceptibles de ne pas voter (Gidengil et coll. 2003, Blais et coll. 2004). En fait, selon Gélineau (2013), dans le cadre de l'élection générale canadienne de 2011, les jeunes Autochtones, les jeunes qui ne sont pas nés au Canada, les jeunes ayant un faible revenu et niveau de scolarité et les jeunes en milieu rural présentaient des taux de participation électorale inférieurs (comparativement aux jeunes non-Autochtones, aux jeunes nés au pays, aux jeunes mieux nantis et aux jeunes en milieu urbain).

Dans de nombreuses études comportementales, les jeunes sont traités comme un groupe monolithique, mais, dans le présent rapport, nous cherchons à faire enquête sur les écarts de la participation électorale chez différents groupes de jeunes Canadiens et à expliquer pourquoi certains groupes de jeunes sont moins susceptibles de participer aux élections. De nombreuses études du comportement politique s'appuient sur le modèle de ressources pour expliquer pourquoi les citoyens participent aux élections (Verba et Nie 1972, Verba et coll. 1995). Dans le modèle de volontarisme civique, Verba et ses collègues (1995) établissent trois séries de facteurs tenant lieu de déterminants importants de la participation politique : ressources socioéconomiques (comme le niveau de scolarité et le revenu), mobilisation psychologique (comme l'intérêt politique et les connaissances connexes) et ressources sociales (comme la participation à certaines organisations). Des études antérieures ont révélé que les jeunes présentent des facteurs semblables à ceux d'autres citoyens expliquant leur décision de voter (Blais et Loewen 2011, Gélineau 2013), mais ils se distinguent néanmoins en ce qui a trait aux niveaux de ces ressources. Par ailleurs, les jeunes de différents milieux, qui ont des cadres de vie différents, peuvent posséder des niveaux variables de ressources économiques, sociales et politiques. Nous comparons donc les profils sociodémographiques et les différentes ressources accessibles aux jeunes Autochtones par rapport aux jeunes non-Autochtones, aux jeunes appartenant à une minorité visible comparativement aux jeunes qui n'appartiennent pas à un tel groupe, aux jeunes sans emploi et aux études par rapport aux jeunes ayant un emploi, aux jeunes en milieu urbain ou rural et aux jeunes handicapés par rapport à ceux qui n'ont pas de handicap.

Dans la première section, nous nous penchons sur la variation de la participation électorale chez les groupes de jeunes Canadiens âgés de 18 à 34 ans. Dans la deuxième section, nous présentons la comparaison des différents groupes de jeunes en ce qui a trait à leurs profils sociodémographiques et à leurs cadres de vie. Dans les sections subséquentes, nous abordons plusieurs facteurs importants expliquant la participation électorale : obstacles à l'accès, ressources politiques, attitudes politiques, mobilisation politique et engagement social et politique. Enfin, dans la dernière section, nous présentons un modèle multivarié qui permet d'estimer l'importance de chaque facteur pour expliquer la participation électorale de différents groupes de jeunes au Canada. Nous concluons notre rapport en fournissant un sommaire des conclusions et plusieurs recommandations stratégiques.