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Participation électorale de divers groupes de jeunes Canadiens à l'élection fédérale de 2015

1. Niveaux de participation électorale de différents groupes de jeunes Canadiens

Afin de répondre à la question consistant à déterminer pourquoi les jeunes Canadiens sont moins susceptibles de voter en cas d'élections, nous nous penchons plus particulièrement sur différents groupes de jeunes Canadiens et comparons leur participation électorale. En effet, des études antérieures ont souligné que les faibles taux de participation des jeunes citoyens, qui continuent de diminuer, peuvent être attribués au fait que certains groupes de jeunes participent beaucoup moins que d'autres (Gidengil et coll. 2003, Blais et coll. 2004, Gallego 2009, Gélineau 2013).

Nous commençons par examiner la participation au scrutin signalée pour différents sous-groupes d'âge à l'élection fédérale de 2015. Des données probantes antérieures nous informent du fait que les jeunes votent moins que les gens âgés, mais on s'attend généralement à ce que les personnes votent à des taux plus élevés à mesure qu'elles prennent de l'âge. Il s'agit de l'effet du cycle de vie (Wolfinger et Rosenstone 1980, Highton et Wolfinger 2001). En octobre 2015, les jeunes Canadiens étaient en effet moins susceptibles de voter que les Canadiens âgés, et, comme le montre le tableau 1, la participation au scrutin tend à être plus élevée plus les électeurs canadiens sont âgés. Le taux de participation signalé" id="ftnref1">note 1 chez les Canadiens âgés de 18 et de 19 ans est de 68,1 %. Ce taux passe à 70,6 % chez les personnes âgées de 20 à 24 ans et à 78,2 % chez les 25 à 29 ans. La participation au scrutin des 30 à 34 ans est légèrement inférieure, à 67,3 %. La participation électorale signalée est plus élevée chez les Canadiens des groupes d'âge plus avancé : 91,5 % des Canadiens âgés de 35 ans ou plus ont indiqué qu'ils avaient voté à l'élection fédérale de 2015. En conformité avec les conclusions de Gélineau (2013), nous constatons que l'augmentation de la participation n'est pas linéaire. Cependant, contrairement aux résultats de l'ENJ portant sur l'élection fédérale de 2011, nous n'observons pas de diminution de la participation électorale signalée chez les jeunes âgés de 20 à 24 ans, mais nous l'observons plutôt chez les jeunes âgés de 30 à 34 ans (Gélineau 2013). Ces résultats montrent qu'un écart important de la participation selon l'âge demeure entre les groupes de jeunes et de personnes plus âgées, soit un écart de 23,4 points de pourcentage entre la participation des 18 et 19 ans et celle des citoyens âgés de 35 ans ou plus.

Tableau 1 : Participation électorale autodéclarée des sous-groupes de jeunes à l'élection fédérale du 19 octobre 2015
 % Échantillon total
Groupes d'âge
18 et 19 ans 68,1*** 260
De 20 à 24 ans 70,6*** 771
De 25 à 29 ans 78,2*** 682
De 30 à 34 ans 67,3*** 741
Jeunes Canadiens (de 18 à 34 ans) 71,1*** 2 454
Canadiens âgés (35 ans et plus) • 91,5 503
Cadre de vie
Jeunes en milieu rural (population inférieure à 10 000 personnes) 68,0* 547
Jeunes en milieu urbain (population d'au moins 10 000 personnes) • 72,8 1 864
Statut d'Autochtone
Jeunes Autochtones 70,0 110
Jeunes non-Autochtones • 71,5 2 333
Statut de minorité visible
Jeunes appartenant à une minorité visible 69,6 408
Jeunes n'appartenant pas à une minorité visible • 72,8 1 985
Statut de personne handicapée
Jeunes handicapés 70,6 102
Jeunes sans handicap • 71,6 2 340
Statut professionnel
Jeunes sans emploi 47,0*** 83
Étudiants 73,3 505
Jeunes ayant un emploi • 72,3 1 846

Remarque : Pour le cadre de vie, le statut d'Autochtone, le statut de minorité visible, le statut de personne handicapée et le statut professionnel, nous tenons seulement compte des jeunes Canadiens âgés de 18 à 34 ans.

Différences importantes sur le plan statistique : *** p<0,001; ** p<0,01; * p<0,05 (catégorie de référence : •).

Le tableau 1 présente également la participation électorale autodéclarée à l'élection fédérale de 2015 des 11 sous-groupes de jeunes sur lesquels nous nous penchons dans le présent rapport. Les résultats laissent tout d'abord entendre qu'il y a un écart important entre la participation des jeunes en milieu rural (c.-à-d. avec une population inférieure à 10 000 habitants) et celle des jeunes en milieu urbain (c.-à-d. avec une population d'au moins 10 000 habitants). La participation électorale signalée des jeunes en milieu rural est de 68 %, comparativement à 72,8 % pour les jeunes en milieu urbain. Cet écart de la participation correspond aux conclusions antérieures relativement à l'élection fédérale de 2011 (Gélineau 2013). La participation électorale des jeunes Autochtones (70 %) est inférieure à celle des jeunes non-Autochtones (71,5 %), tandis que les jeunes de minorités visibles présentent également un taux plus faible de participation (69,6 %) que les jeunes ne faisant pas partie d'un tel groupe (72,8 %). Cependant, ces écarts ne sont pas importants sur le plan statistique et sont beaucoup plus petits que prévu. Bilodeau et Turgeon (2015) avaient fait part d'un écart de 16 points de pourcentage entre la participation des Canadiens des minorités visibles et celle des autres Canadiens à l'élection fédérale de 2011, tandis que nous constatons un écart de 3 points de pourcentage à l'élection de 2015. Par ailleurs, Gélineau (2013) a constaté un écart de 20 points de pourcentage entre la participation des jeunes Autochtones et non-Autochtones à l'élection générale de 2011, mais nous constatons seulement un écart de 1,5 point de pourcentage. Le taux de participation des jeunes sans handicap est seulement un point de pourcentage plus élevé que celui des jeunes handicapés. Conformément à une recherche antérieure (Jarvis et coll. 2005), nous observons un écart important entre la participation des jeunes sans emploi (47 %) et celle des étudiants (73,3 %) et des jeunes ayant un emploi (72,3 %).

Les résultats révèlent que les écarts de la participation électorale de différents sous-groupes de jeunes Canadiens ne sont pas aussi grands que prévu et ne correspondent pas systématiquement aux données probantes antérieures. Cela peut être dû au contexte précis de l'élection générale de 2015 et à l'augmentation générale du taux de participation. En effet, le taux de participation à l'élection fédérale générale de 2015 a atteint 68,3 %, soit le taux de participation le plus élevé depuis l'élection de 1993.