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Participation électorale de divers groupes de jeunes Canadiens à l'élection fédérale de 2015

4. Ressources et attitudes politiques

Nous présentons maintenant la comparaison entre les différents sous-groupes de jeunes Canadiens quant à leurs ressources et attitudes politiques. La revue de la documentation permet de constater que les personnes qui ont beaucoup de connaissances politiques, qui sont intéressées par la politique, qui ont confiance en leur compétence politique et en la capacité de réponse des politiciens et qui croient que voter est un devoir sont plus susceptibles de voter (Verba et coll. 1995, Delli Carpini et Keeter 1996, Blais 2000, Dalton 2007). Par conséquent, nous nous penchons sur l'intérêt des jeunes envers la politique en général et, plus précisément, en ce qui concerne la dernière élection fédérale; la perception selon laquelle voter est un devoir civique; les degrés de satisfaction à l'égard de la démocratie canadienne; et le sentiment de compétence politiquenote 8. Le sentiment de compétence politique a trait à la croyance du jeune selon laquelle il peut comprendre la politique et possède les capacités pour participer à la politique et avoir une incidence sur les affaires actuelles. Par perception de la capacité de réponse du pouvoir politique, on entend la croyance des jeunes selon laquelle les politiciens et les partis tiennent compte de leurs intérêts et actions politiques. Nous examinons le degré de connaissance générale affiché par les jeunes répondants au sujet de la politiquenote 9. Enfin, nous déterminons également la mesure dans laquelle il a été difficile pour les jeunes Canadiens de trouver des renseignements sur les partis politiques et les candidats. La deuxième section du tableau 3 compare les ressources et les attitudes politiques des sous-groupes de jeunes Canadiens.

Tout d'abord, nous constatons que les jeunes Autochtones ne sont pas moins intéressés par la politique ou l'élection fédérale, mais ils affichent des niveaux inférieurs de connaissances politiques, comparativement aux jeunes non-Autochtones. Les jeunes Autochtones ont tendance à se sentir moins compétents sur le plan de la politique que les jeunes non-Autochtones et ils ont également tendance à être moins positifs dans leur évaluation des institutions politiques. Ils sont, en fait, moins satisfaits à l'égard du fonctionnement de la démocratie au Canada et sont moins susceptibles de croire que le gouvernement se soucie de ce qu'ils pensent. Ces résultats donnent à penser que les jeunes Autochtones ne sont pas complètement désintéressés par la politique, mais, comme d'autres études l'ont déjà montré, ils font preuve de désengagement par rapport aux institutions canadiennes (Harell et coll. 2009).

Les jeunes de minorités visibles présentent un aussi grand intérêt et ont autant de connaissances à l'égard de la politique, mais ils croient qu'ils sont moins compétents sur le plan de la politique et ont des perceptions moins positives de la capacité de réponse du pouvoir politique comparativement aux jeunes n'appartenant pas à une minorité visible. Cependant, ils sont plus satisfaits à l'égard du fonctionnement de la démocratie canadienne. Ces attitudes contraires peuvent refléter des caractéristiques liées à l'immigration, à la socialisation politique dans d'autres contextes nationaux et aux processus d'intégration politique au Canada. Les jeunes appartenant à une minorité visible ont également tendance à considérer qu'il est plus difficile de trouver des renseignements sur les partis politiques et les candidats.

Quand on compare les jeunes en fonction du statut professionnel, les résultats montrent une distinction entre les jeunes sans emploi et ceux ayant un emploi, mais seulement quelques différences entre les étudiants et les jeunes ayant un emploi. Globalement, les jeunes sans emploi sont moins intéressés par la politique en général, ils étaient moins intéressés par la dernière élection fédérale et ils sont moins nombreux à croire que voter est un devoir civique. L'écart est marqué : seulement 33,1 % des jeunes sans emploi croient que voter est un devoir civique, comparativement à 51,1 % des jeunes ayant un emploi. Les Canadiens sans emploi âgés de 18 à 34 ans se considèrent comme moins compétents sur le plan de la politique et croient que les politiciens tiennent moins compte de leurs demandes comparativement aux jeunes ayant un emploi. Ils présentent également des niveaux beaucoup moins élevés de connaissances politiques. Contrairement à ce à quoi nous nous attendions, les étudiants semblent être légèrement moins intéressés par la politique, se sentent moins compétents sur le plan de la politique et montrent moins de facilité à trouver des renseignements politiques que les jeunes ayant un emploi.

Les résultats dans la deuxième section du tableau 3 révèlent de multiples distinctions importantes par rapport aux attitudes politiques et à la mobilisation psychologique des jeunes en milieu rural ou en milieu urbain. Les jeunes âgés de 18 à 34 ans en milieu rural présentent des niveaux inférieurs d'intérêt à l'égard de la politique et de l'élection fédérale de 2015 et des degrés inférieurs de connaissances politiques comparativement aux jeunes en milieu urbain. Comme d'autres sous-groupes de jeunes, ils se considèrent comme moins compétents sur le plan de la politique et sont moins susceptibles de croire que les politiciens répondent à leurs demandes, comparativement aux jeunes en milieu urbain.

Les jeunes handicapés présentent moins de différences quant aux attitudes et aux ressources politiques, comparativement aux jeunes sans handicap. Les résultats du tableau 3 laissent entendre que les répondants handicapés se distinguent seulement en ce qui concerne leurs degrés inférieurs de satisfaction à l'égard de la démocratie et la perception de la capacité de réponse du pouvoir politique. Les jeunes Canadiens handicapés sont généralement moins satisfaits de la démocratie canadienne et ils croient que les politiciens et décideurs tiennent moins compte de leurs demandes et actions politiques, comparativement aux jeunes Canadiens sans handicap.

La deuxième section du tableau 3 laisse entendre que les sous-groupes de jeunes sur lesquels nous mettons l'accent dans le présent rapport affichent des tendances similaires par rapport aux ressources et attitudes politiques. Tout d'abord, tous les sous-groupes de jeunes (sauf les jeunes handicapés) signalent des niveaux inférieurs de compétences politiques comparativement aux autres jeunes Canadiens : ils sont plus susceptibles de considérer que la politique est trop complexe pour qu'ils puissent la comprendre. Ensuite, ils présentent tous des attitudes moins positives à l'égard des institutions canadiennes. Ils sont, règle générale, moins satisfaits à l'égard de la démocratie canadienne et sont moins susceptibles de croire que les partis et les gouvernements répondent à leurs besoins et tiennent compte des enjeux importants pour eux. En outre, même si tous les sous-groupes de jeunes sont généralement moins susceptibles de considérer que voter est un devoir civique, seuls les jeunes sans emploi sont beaucoup moins susceptibles de croire cela. En ce qui a trait aux ressources politiques, tous les sous-groupes de jeunes, mais surtout les jeunes Autochtones, les jeunes sans emploi et les jeunes en milieu rural, présentent des niveaux inférieurs semblables de connaissances politiques. Par contre, seuls les jeunes sans emploi et les jeunes en milieu rural (et les étudiants dans une certaine mesure) affichent des niveaux inférieurs d'intérêt. Comme nous savons que ces facteurs liés aux ressources et aux attitudes sont des facteurs essentiels expliquant la participation électorale, nous examinerons en détail leur importance dans le modèle multivarié.