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Participation des jeunes à l'élection fédérale canadienne de 2015 et leur cynisme

Note au lecteur

Le présent rapport (traduit de l'anglais) a été présenté lors de la conférence « Youth Political Participation: On the Diverse Roads to Democracy » (participation politique des jeunes : les voies diversifiées vers la démocratie), tenue les 16 et 17 juin 2016, à Montréal (Québec).

Introduction

Rapport commandé
pour Élections Canada

Ioana Alexandra Manoliu et
Katherine V. R. Sullivan

Département de sciences politiques
Université de Montréal

Juin 2016

Comme il a été montré dans un rapport précédent (Gélineau, 2013), de nombreux facteurs influent sur la participation des jeunes Canadiens, comme leur intérêt envers la politique et leur participation politique, mais également le degré de cynisme politique qu'ils affichent, lequel peut être défini comme un manque de confiance général à l'égard de certains chefs ou groupes politiques, voire du processus politique dans son ensemble – processus qui est considéré comme ayant l'effet de corrompre les personnes qui y participent et d'attirer les personnes corrompues (Cappella et Jamieson, 1997: 166). D'aucuns ont déjà souligné l'importance potentielle d'une « culture du cynisme » dans nos sociétés démocratiques contemporaines (Chaloupka, 1999; Goldfarb, 1991), et il est raisonnable de croire qu'elle pourrait avoir une incidence au Canada également, surtout chez les jeunes. L'examen de l'incidence potentielle du cynisme au Canada nous permettra également d'approfondir le travail antérieur de Gélineau (2013).

Nous nous appuyons sur les données de l'Enquête nationale auprès des jeunes de 2015 pour analyser les répercussions potentielles du cynisme sur la participation des jeunes à la dernière élection fédérale. Notre rapport comporte deux sections. Tout d'abord, nous tentons de déterminer les facteurs expliquant le cynisme en examinant les caractéristiques sociodémographiques, les attitudes générales à l'égard du système politique et d'autres variables explicatives associées au cynisme, et nous prêtons attention à l'incidence du cynisme sur la participation électorale. Ensuite, nous examinons les conséquences potentielles du cynisme sur les attitudes démocratiques en général.

Dans le présent rapport, le cynisme est évalué au moyen d'une multitude de questions permettant de connaître les sentiments généraux des répondants en ce qui a trait à la démocratie, aux partis politiques, aux politiciens et au fait de voter. La notion de cynisme est tirée des travaux de Rubenson et coll. (2004) et mesurée grâce à la combinaison de quatre questions : une mesure de la confiance à l'égard du gouvernement « Je ne pense pas que le gouvernement se soucie de ce que pensent les gens comme moi »; une mesure de confiance à l'égard des partis politiques « Tous les partis politiques sont du pareil au même »; et deux échelles de 0 à 100 pour déterminer la façon dont les répondants perçoivent les politiciens en général et les partis politiques note 1.

Partie 1 – Facteurs expliquant le cynisme

Dans la présente section, nous nous penchons sur de multiples facteurs qui peuvent expliquer le cynisme affiché par les jeunes Canadiens. Nous déterminons tout d'abord l'incidence des caractéristiques sociodémographiques, puis abordons l'effet des attitudes générales relatives au système politique.

a. Caractéristiques sociodémographiques

Dans le tableau 1, nous abordons tout d'abord les niveaux moyens de cynisme à la lumière d'une multitude de caractéristiques sociodémographiques. Les répondants âgés de 18 et de 19 ans présentent un niveau moyen de cynisme de 40,69 sur l'échelle de 0 à 100. Le niveau de cynisme des répondants âgés de 20 à 24 ans est légèrement plus élevé, tout comme celui des répondants âgés de 25 à 29 ans, soit, respectivement, 43,0 et 43,44. Les répondants âgés de 30 à 34 ans sont les plus cyniques, présentant une moyenne de 50,40, tandis que le cynisme chez les répondants plus âgés tend à être relativement moins élevé. Par ailleurs, les hommes (43,45) sont légèrement moins cyniques que les femmes (45,40), mais l'écart ne revêt pas d'importance sur le plan statistique. Le revenu ne semble pas avoir vraiment d'effet, car les répondants de toutes les tranches de revenu présentent des niveaux de cynisme semblables. Conformément aux résultats obtenus par Agger et coll. (1961), le niveau de cynisme diminue selon le niveau de scolarité atteint. En effet, les répondants ayant fait des études postsecondaires (43,73) et les étudiants à temps plein (42,13) présentent des taux inférieurs à ceux des jeunes ayant un emploi. Par contre, les répondants sans emploi (50,46) et ceux n'ayant pas fait d'études postsecondaires (46,38) ont un niveau de cynisme plus élevé.

Tableau 1 note 2 : Cynisme selon les caractéristiques sociodémographiques note 3
Moyenne
Âge
18 et 19 ans 40,69
De 20 à 24 ans 43,00
De 25 à 29 ans 43,44
De 30 à 34 ans 50,40
35 ans et plus 41,07
Sexe
Hommes 43,45
Femmes 45,40
Revenu
Moins de 40 000 $ 45,11
Plus de 40 000 $ 43,19
Niveau de scolarité
Études secondaires 46,38
Études postsecondaires 43,73
Occupation
Emploi ou autre 44,03
Sans emploi 50,46
Étudiant 42,13
Langue
Anglais 44,52
Français 45,65
Autre 40,83
Origine ethnique
Non-Autochtone 44,15
Autochtone 48,55
Appartient à une minorité visible 45,60
N'appartient pas à une minorité visible 43,59
Né au Canada 44,61
Né à l'étranger 42,93
Handicaps
Sans handicap 43,97
Handicapé 49,36
Régions
Atlantique 39,11
Québec 45,30
Ontario 45,97
Prairies 41,34
Alberta 44,38
Colombie-Britannique/Territoires 42,47
Cadre de vie
Milieu rural 45,82
Milieu urbain 43,88

En ce qui concerne les différences linguistiques et ethnoculturelles, les répondants dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais sont les moins cyniques (40,83), tout comme les répondants nés à l'étranger, qui présentent une moyenne de 42,93. Par ailleurs, les répondants handicapés semblent être plus cyniques (49,36) que les Canadiens sans handicap (43,97). En outre, les répondants autochtones affichent un degré élevé de cynisme (48,55), supérieur à celui des répondants non-autochtones (44,15).

Enfin, nos résultats supposent certaines différences régionales : les répondants de la région de l'Atlantique sont les moins cyniques, affichant une cote de 39,11, tandis que les Ontariens (45,97), les Québécois (45,30) et les Albertains (44,38) sont les plus cyniques. Par ailleurs, à la lumière des statistiques présentées ci-dessus, l'écart entre le milieu rural (45,82) et le milieu urbain (43,88) est plutôt petit et non important sur le plan statistique, ce qui donne à penser que les Canadiens vivant en ville ne sont pas beaucoup plus cyniques que leurs homologues en milieu rural.

Selon nos constatations présentées au tableau 1, les catégories sociodémographiques de la population qui semblent le plus enclines à se montrer cyniques sont les femmes, les Canadiens âgés de 30 à 34 ans, ceux ayant un revenu annuel inférieur à 40 000 $, les répondants n'ayant pas fait d'études postsecondaires et ceux qui n'ont pas d'emploi. De plus, selon nos résultats, les répondants des catégories de la population dont la langue maternelle est le français, qui sont autochtones, qui appartiennent à une minorité visible, qui sont nés à l'extérieur du Canada, qui sont handicapés ou qui vivent en milieu rural ou dans les provinces du Québec, de l'Ontario ou de l'Alberta sont également plus cyniques.

b. Attitudes générales à l'égard du système politique

Afin de mieux comprendre la participation des jeunes relativement au cynisme, nous mettons l'accent sur les attitudes générales qu'ils affichent à l'égard du système politique en examinant leur sens du devoir civique, leur intérêt par rapport à l'élection, leur intérêt envers la politique en général, leurs connaissances politiques, leur sentiment d'efficacité personnelle, leur socialisation, leur discussion politique et leur éducation civique. Le tableau 2 présente les niveaux moyens de cynisme de tous les répondants, selon ces attitudes différentes. Comme toutes les variables sont continues, sauf celle du devoir civique, seules les catégories faibles et élevées sont présentéesnote 4

Tableau 2 note 5 : Cynisme selon les attitudes générales à l'égard du système politique
Moyenne
Sens du devoir civique
Choix 48,19
Devoir 40,43
Intérêt par rapport à l'élection
Intéressé 41,62
Non intéressé 63,54
Intérêt envers la politique en général
Intéressé 41,02
Non intéressé 58,56
Connaissances politiques
Faibles 54,10
Élevées 37,39
Efficacité personnelle
Faible 60,70
Élevée 39,23
Socialisation
Jamais 51,59
Socialisé 41,64
Discussion politique
Faible 66,64
Élevée 40,63
Éducation civique
Faible 48,19
Élevée 39,93

Les résultats figurant dans le tableau 2 montrent que les répondants qui croient que voter est un devoir civique (40,43) et non un choix (48,19) sont moins cyniques. Par ailleurs, les répondants présentant des degrés élevés de connaissances politiques, ayant bien répondu aux questions liées à la politique canadienne, ont un niveau de cynisme inférieur (37,39) à celui de leurs homologues moins informés (54,10). Cela correspond à la perception d'efficacité personnelle des répondants : ceux présentant de faibles niveaux à cet égard (60,70) sont presque deux fois plus cyniques que les répondants qui croient que leur vote permettra de changer les choses (39,23).

Pour ce qui est de l'influence de l'environnement social pendant l'enfance, les répondants qui ont été plus exposés à des sujets politiques dans le cadre de discussions à la maison, avec des amis ou à l'école présentent tous des niveaux de cynisme inférieurs. En effet, ceux qui ont discuté de sujets politiques en grandissant (40,63) sont beaucoup moins cyniques que ceux qui ne l'ont pas fait (66,64). Ces résultats sont semblables à ceux concernant l'éducation civique. Les répondants ayant suivi un cours d'éducation civique sont beaucoup moins cyniques (39,93) que les autres (48,19). Globalement, les membres de l'électorat qui sont le moins intéressés par les questions politiques et qui présentent les niveaux les plus faibles de connaissances politiques et d'efficacité personnelle ont tendance à être plus cyniques. En outre, ceux qui ont un environnement social et d'éducation moins stimulant sur le plan de la politique ont également tendance à être plus cyniques dans ce domaine.

Règle générale, les écarts liés au cynisme en ce qui a trait aux variables comportementales présentées ci-dessus sont beaucoup plus importants que les résultats observés relativement aux variables sociodémographiques dans le tableau 1. Par conséquent, nos résultats laissent entendre que le cynisme est étroitement lié aux facteurs concernant les attitudes. Comme nous savons que ces attitudes sont interreliées et ont des variables explicatives semblables, des analyses à plusieurs variables doivent être effectuées pour établir l'incidence de ces variables sur le cynisme.

c. Variables explicatives du cynisme

Afin de mieux expliquer les facteurs qui sont plus ou moins liés étroitement avec le cynisme, nous avons utilisé des modèles de régression dans lesquels le cynisme est la variable dépendante. Le modèle 1 inclut tous les facteurs sociodémographiques déjà mentionnés, tandis que le modèle 2 prend en compte les variables liées aux attitudes présentées ci-dessus. Ces modèles nous permettent de cerner l'effet précis de chaque variable indépendante sur le cynisme, tout en tenant compte de toutes les autres variables dans le modèle. Nous avons donné un code de 0 à 1 à toutes les variables indépendantes afin d'établir l'effet maximal de chaque variable sur le cynisme. Par conséquent, les coefficients montrent la mesure dans laquelle les répondants sont plus ou moins cyniques quand ils présentent la valeur maximale de la variable indépendante. Un coefficient qu'on peut distinguer clairement de 0 est considéré comme ayant une importance sur le plan statistique, ce qui signifie que nous pouvons généraliser l'effet de cette variable de l'ensemble de données à la population générale.

La cote du cynisme va de 0 à 100; par conséquent, tous les coefficients représentent l'effet maximal des variables dépendantes sur cette échelle. Dans le modèle 1, nous constatons que, toutes les autres variables demeurant constantes, les femmes présentent sur l'échelle du cynisme une cote moyenne supérieure de 2,07 points à celle des hommes. Cet écart est important sur le plan statistique. Les répondants ayant un niveau de scolarité élevé présentent une cote de cynisme qui est, en moyenne, inférieure de 3,71 points à celle des personnes ayant un niveau de scolarité plus faible, et ce coefficient est important. De même, les répondants dont le revenu est de plus de 40 000 $ présentent une cote de cynisme qui est inférieure de 2,20 points, et cet écart revêt une importance sur le plan statistique. Pour ce qui est des variables liées à l'âge, nous constatons que, dans le modèle 1, seuls les répondants âgés de 30 à 34 ans ont un niveau de cynisme grandement différent de celui des répondants âgés de 35 ans ou plus. Les répondants âgés de 30 à 34 ans affichent une cote de cynisme supérieure de 9,49 points sur notre échelle de 0 à 100. Par conséquent, si l'on ne tient pas compte des variables liées aux attitudes (ce qui sera fait au modèle 2), il semble que seuls les répondants âgés de 30 à 34 ans soient plus cyniques que les répondants plus âgés. En outre, les francophones ne sont pas beaucoup plus ou moins cyniques que les anglophones, mais les répondants qui parlent une langue autre que l'anglais ou le français à la maison sont beaucoup moins cyniques que les anglophones (2,98 points). Enfin, si l'on tient compte de toutes les autres variables indépendantes, les répondants vivant en milieu rural sont beaucoup moins cyniques que les répondants en milieu urbain (2,09). Cependant, les répondants handicapés sont beaucoup plus cyniques (4,89 points).

Le modèle 2 prend en compte les variables liées aux attitudes, ce qui nous permet de déterminer si les effets des variables sociodémographiques présentées dans le modèle 1 sont faussés – c'est-à-dire qu'ils seraient plutôt le résultat d'autres variables liées aux attitudes – ou cachés par les attitudes qui sont également liées aux caractéristiques sociodémographiques. Dans le modèle 2, on voit que les femmes ne sont pas beaucoup plus cyniques (0,66 point) que les hommes. Cela laisse entendre que les femmes ne sont pas vraiment plus cyniques que les hommes quand on tient compte des attitudes incluses dans le modèle. Le niveau de scolarité, qui était important dans le modèle 1, ne l'est plus dans le modèle 2, ce qui signifie que les gens ayant un niveau de scolarité élevé ne sont pas plus cyniques quand on prend en compte les attitudes découlant du niveau de scolarité. L'effet du revenu devient également non important, ce qui signifie que le revenu n'est pas lié au cynisme lorsqu'on tient compte des variables liées aux attitudes. Pour ce qui est de l'âge des répondants, les résultats du modèle 2 sont relativement différents de ceux présentés au modèle 1, dans lequel les attitudes ne sont pas prises en compte. Dans le modèle 2, les répondants âgés de 18 et 19 ans sont moins cyniques (2,98 points) que ceux âgés de 35 ans ou plus. Les répondants âgés de 20 à 24 ans, ainsi que ceux âgés de 25 à 29 ans, ne sont pas plus ou moins cyniques que les répondants âgés de 35 ans ou plus. Cependant, les répondants âgés de 30 à 34 ans sont, en moyenne, beaucoup (5,93 points) plus cyniques que ceux âgés de 35 ans ou plus. Les résultats liés à la langue restent presque les mêmes par rapport au modèle 1, c'est-à-dire que les répondants qui parlent une langue autre que l'anglais ou le français sont moins cyniques que les anglophones, mais cet écart est relativement restreint (2,43 points) et n'a pas d'importance sur le plan statistique. Dans le modèle 2, les répondants vivant en milieu rural ne sont pas plus ou moins cyniques que les répondants en milieu urbain, tandis que dans le modèle 1, ils sont beaucoup moins cyniques. Enfin, les répondants handicapés ou qui se déclarent autochtones sont beaucoup plus cyniques (3,61 et de 3,48 points, respectivement).

Tableau 3 : Variables explicatives du cynisme – Modèles de régression linéaire
Modèle 1   Modèle 2
Femmes 2,07* (0,91) 0,66 (0,86)
Niveau de scolarité -3,71* (1,29) 0,04 (1,16)
Revenu -2,20* (1,04) -1,15 (0,95)
Âge
18 et 19 ans -2,51 (1,73) -2,98 (1,62)
De 20 à 24 ans 0,85 (1,49) -1,36 (1,39)
De 25 à 29 ans 1,82 (1,52) 0,18 (1,39)
De 30 à 34 ans 9,49* (1,50) 5,93* (1,41)
Langue maternelle
Français 1,99 (1,22) 1,17 (1,13)
Autre -2,98* (1,47) -2,43 (1,44)
Milieu rural -2,09* (1,03) -1,32 (0,97)
Handicap 4,89* (1,71) 3,61* (1,54)
Autochtone 3,26 (1,72) 3,48* (1,56)
Devoir -2,87* (0,90)
Intérêt à l'égard de l'élection -11,38* (1,71)
Intérêt général -7,60* (1,36)
Connaissances politiques -5,79* (1,73)
Discussion politique -0,96* (0,21)
Constante 45,14* (1,99) 72,62* (2,57)
Observations 2 563 2 517
R2 0,054 0,197

Les écarts-types sont entre parenthèses.
*p < 0,05

Des résultats plus intéressants apparaissent quand nous examinons les variables liées aux attitudes incluses dans le modèle 2. Toutes ces variables donnent des coefficients négatifs et importants. Les répondants qui croient que voter est un devoir civique sont, en moyenne, moins cyniques (2,87 points) que ceux qui croient que voter est un choix. Les répondants ayant le plus de connaissances sont également moins cyniques (5,79 points) que les répondants moins informés. Pour ce qui est de l'intérêt envers la politique, nous constatons que les répondants les plus intéressés sont, en moyenne, moins cyniques (7,60 points) que les répondants les moins intéressés et que les répondants qui sont les plus intéressés par l'élection sont moins cyniques (11,38 points) que ceux qui s'y intéressent moins. Enfin, la valeur de 0,05 du coefficient de détermination multiple dans le modèle 1 indique que le modèle explique environ 5 % (0,05) de l'écart en ce qui a trait à la variable dépendante, tandis que le modèle 2 explique environ 19 % (0,19) de l'écart. Par conséquent, la comparaison de la valeur du coefficient de détermination multiple des modèles 1 et 2 laisse clairement entendre que les variables liées aux attitudes ont une plus grande force explicative que les variables sociodémographiques.

En tout et pour tout, l'intérêt à l'égard de l'élection est la variable explicative la plus importante du cynisme, mais d'autres variables ont également une incidence importante, quoique dans une mesure moindre. Néanmoins, nos résultats montrent que les facteurs qui sont habituellement liés à ce qui est considéré comme des résultats civiques positifs sont également liés au cynisme. Règle générale, plus les Canadiens sont politisés, moins ils sont susceptibles d'être cyniques.

Afin d'examiner davantage le lien entre le cynisme et les connaissances et les intérêts politiques, nous nous penchons sur la source principale d'information au sujet des élections, allant d'Élections Canada (publicité, médias sociaux) à la CIE en passant par les médias imprimés, la télévision, la radio, les médias sociaux, le gouvernement, la famille ou les amis. Nous analysons donc l'effet potentiel de la consommation de médias sur le niveau de cynisme des répondants.

À première vue, les résultats donnent à penser que les répondants ayant consulté un quelconque média, sauf la carte d'information de l'électeur, sont pour la plupart beaucoup moins cyniques que ceux qui n'ont pas cherché d'information politique. Nous utilisons également quelques variables de contrôle, comme le sexe, le niveau de scolarité, le revenu et l'âge.

Tableau 4 : Cynisme et source d'information principale – Modèle de régression linéaire
Élections Canada 2,72 (2,19)
Carte d'information de l'électeur 8,75* (2,69)
Journaux/périodiques -5,74* (1,79)
Site Web d'un média, blogue ou autre source Web -3,19* (1,29)
Médias sociaux (Facebook, Twitter, YouTube) -1,96 (1,38)
Radio -0,55 (2,59)
Famille ou amis 2,61 (1,96)
Autres -0,85 (2,09)
Femmes 1,06 (0,90)
Niveau de scolarité (études postsecondaires) -2,31 (1,27)
Sans emploi 5,93* (2,02)
Revenu -2,29* (1,01)
18 et 19 ans -3,69* (1,81)
De 20 à 24 ans -0,07 (1,56)
De 25 à 29 ans 0,67 (1,55)
De 30 à 34 ans 7,91* (1,52)
Constante 44,75* (2,11)
N 2 493
R2 0,061

Les écarts-types sont entre parenthèses.
*p < 0,05

Dans notre échantillon, 22 % des répondants ont signalé que la télévision était leur principale source d'information sur la campagne. Par conséquent, la télévision constitue la catégorie de référence. Nos résultats montrent que les répondants qui signalent utiliser les journaux ou les périodiques en tant que source d'information principale sont moins cyniques (environ 5,74 points) que ceux qui indiquent que la télévision est leur principale source d'information sur la campagne. Cependant, les répondants qui déclarent avoir utilisé la CIE en tant que principale source d'information sont plus cyniques (8,75 points) que ceux qui ont consulté la télévision pour obtenir de l'information sur la campagne. Il importe également de mentionner que la CIE ne fournit que des renseignements très précis sur le processus électoral et qu'elle n'aborde pas l'élection en général. Les répondants qui disent utiliser les sites Web en tant que principale source d'information sont moins cyniques (3,19 points) que ceux qui utilisent principalement la télévision.

De plus, nos résultats laissent entendre que les sources d'information pour lesquelles les répondants doivent chercher activement de l'information sur la campagne (journaux ou périodiques, site Web de média) sont liées négativement au cynisme, car ces répondants sont moins cyniques que la grande majorité des répondants qui utilisent principalement la télévision. Par contre, les répondants qui signalent utiliser leur CIE envoyée par Élections Canada en tant que source d'information principale – c'est-à-dire les répondants qui ne cherchent pas activement de renseignements – sont beaucoup plus cyniques.

Partie 2 – Conséquences du cynisme sur la participation

Dans cette deuxième section, nous examinons l'incidence du cynisme sur la participation électorale et la participation politique générale. Dans le présent rapport, la participation électorale est évaluée selon la fréquence de la participation au scrutin, c'est-à-dire le nombre d'élections auxquelles le répondant a voté, y compris l'élection fédérale de 2015. Le degré de participation politique est évalué grâce à des questions concernant le degré d'engagement à l'égard des enjeux d'actualité, comme communiquer avec un politicien pour lui donner son point de vue sur une question, prendre part à une manifestation ou à une marche de protestation, afficher une enseigne pour un parti ou un candidat pendant la campagne électorale ou même participer à une activité organisée par un parti ou un candidat pendant la campagne électoralenote 6.

Les résultats présentés dans le tableau 5 montrent que les répondants ayant voté à la dernière élection fédérale sont beaucoup moins cyniques (40,63) que ceux qui ont choisi de s'abstenir (55,14), selon les statistiques ci-dessous. Cet écart est important sur le plan statistique. En outre, l'écart entre ceux ayant affiché un degré élevé d'engagement politique (38,60) et ceux qui se sont abstenus de participer (45,19) est retreint et non important sur le plan statistique. Enfin, l'écart de 17 points entre les répondants ayant voté dans le cadre d'élections antérieures (38,35) et ceux qui n'ont jamais voté (55,20) est éloquent et important.

Tableau 5 : Cynisme et participation électorale – Relation bidimensionnelle
Moyenne
Vote à l'élection fédérale de 2015
Abstention 55,14
Vote 40,63
Participation politique
Faible 45,19
Élevée 38,60
Fréquence de la participation électorale
Faible 55,20
Élevée 38,35

En outre, les résultats présentés dans le tableau 5 confirment l'idée répandue selon laquelle le cynisme a généralement une incidence négative sur l'électorat. En effet, les répondants les plus mobilisés et assidus sur le plan de la politique semblent également être les moins cyniques. Cependant, on sait que divers autres facteurs importants influent sur la participation électorale et la participation politique générale, facteurs dont il faut tenir compte avant de tirer des conclusions tangibles concernant l'impact du cynisme. Par conséquent, il faut procéder à des analyses multivariables.

Le tableau 6 présente les résultats de deux modèles de régression prédisant la participation électorale dans le modèle 1 et la participation politique générale dans le modèle 2. Comme le fait de voter est une variable dichotomique – une personne peut voter ou s'abstenir – le modèle 1 présente les résultats d'un modèle de régression logistique. Par contre, le modèle 2 affiche les résultats d'un modèle de régression des (MCO) moindres carrés ordinaires habituel dans lequel la variable dépendante est une échelle additive de 0 à 5, déterminant la participation à divers actes démocratiques. Dans les deux cas, nous cherchons à connaître l'incidence du cynisme sur les deux types de participation, compte tenu d'autres variables explicatives importantes connues.

Dans le modèle 1, le cynisme a une incidence négative sur la propension à voter en 2015, ce qui est conforme aux travaux de Gélineau (2013), qui a constaté un lien étroit entre le cynisme et les taux de participation électorale des jeunes. Pour ce qui est d'autres variables importantes connues, le niveau de scolarité n'est étonnamment pas lié à la probabilité de voter. L'intérêt par rapport à l'élection, les connaissances politiques, l'intérêt envers la politique en général, la discussion politique et l'opinion selon laquelle voter est un devoir plutôt qu'un choix (Blais, 2000) sont toutes des variables importantes qui ont une incidence sur la probabilité de voter. Dans tous les cas, les répondants âgés de moins de 35 ans sont moins susceptibles de voter que les répondants plus âgés, ce qui est relativement normal compte tenu du fait qu'il est maintenant bien connu que les jeunes citoyens ont tendance à moins voter (Blais, 2000; Blais et coll., 2002; Gélineau, 2013). Les répondants indiquant que leur langue maternelle n'est ni l'anglais ni le français sont également moins susceptibles de voter.

Tableau 6 : Cynisme et participation politique – Régression logistique et des MCO
Modèle 1 Modèle 2
Cynisme -1,63 * (0,33) 0,05 (0,12)
Femmes (groupe de référence : hommes) 0,06 (0,14) 0,04 (0,05)
Niveau de scolarité 0,27 (0,15) 0,13* (0,05)
Revenu 0,03 (0,14) -0,09 (0,05)
Âge (groupe de référence : 35 ans ou plus)
18 et 19 ans -1,39* (0,29) 0,15 (0,09)
De 20 à 24 ans -1,19* (0,25) 0,03 (0,07)
De 25 à 29 ans -0,91* (0,26) 0,03 (0,07)
De 30 à 34 ans -1,23* (0,24) 0,01 (0,07)
Langue (groupe de référence : anglais)
Français 0,02 (0,18) -0,09 (0,05)
Autre langue -0,47* (0,23) -0,10 (0,07)
Milieu rural 0,11 (0,15) 0,11* (0,05)
Handicap 0,27 (0,25) 0,38* (0,09)
Autochtones 0,11 (0,25) 0,10 (0,09)
Devoir 1,71* (0,14) 0,04 (0,05)
Intérêt par rapport à l'élection 1,29* (0,22) 0,01 (0,07)
Intérêt envers la politique en général 0,43* (0,19) 0,17* (0,06)
Connaissances politiques 1,50* (0,25) 0,40* (0,09)
Discussion politique 0,14* (0,03) 0,11* (0,01)
Constante -1,40* (0,43) -0,71* (0,14)
Observations 2 493 2 421
R2 0,32 0,122

Les écarts-types sont entre parenthèses.

La variable dépendante dans le modèle 1 est le fait d'avoir voté ou non en 2015, tandis que, dans le modèle 2, la variable dépendante est la participation générale. Par conséquent, le modèle 1 est un modèle de régression logistique, tandis que le modèle 2 est un modèle de régression linéaire.

p < 0,05

Le modèle 2 présente les résultats d'un modèle de régression linéaire commun prédisant la participation politique générale au moyen des mêmes variables explicatives que dans le modèle 1. Sans surprise, les connaissances politiques, l'intérêt envers la politique, la discussion politique et le niveau de scolarité ont tous un lien positif et important avec la propension à agir sur le plan politique. Le fait de vivre en milieu rural et d'être handicapé semble également être associé à la participation politique générale. La plupart des jeunes ne participent pas beaucoup moins sur le plan de la politique que les répondants âgés de 35 ans ou plus. Cependant, notre intérêt principal est l'incidence du cynisme, qui présente un effet positif. Les répondants très cyniques ne semblent pas s'engager moins sur le plan de la politique que les répondants moins cyniques. Le cynisme a donc une incidence négative sur la propension à voter (modèle 1), mais n'a pas d'effet sur la fréquence avec laquelle le répondant pose d'autres gestes politiques.

Analyse et conclusion

Notre rapport vise à faire la lumière sur les variables explicatives et les conséquences du cynisme politique sur la participation des jeunes. Nos résultats montrent que, pour ce qui est des caractéristiques sociodémographiques, les jeunes plus âgés (de 30 à 34 ans) sont les plus cyniques, tout comme ceux qui présentent le niveau de scolarité le moins élevé et ceux étant le moins actifs (sans emploi). En outre, les répondants de nombreux groupes affichent des niveaux élevés de cynisme – soit les répondants autochtones, handicapés, nés à l'étranger et dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais. De plus, les répondants qui déclarent faire partie d'une minorité visible ou qui vivent en Ontario sont les plus cyniques, suivis de près par ceux du Québec et de l'Alberta.

Par ailleurs, selon nos résultats, le cynisme est lié étroitement aux facteurs relatifs aux attitudes qui sont généralement associés à des résultats démocratiques négatifs. En ce sens, les Canadiens les plus intéressés et informés se montrent moins cyniques, l'intérêt envers la politique étant de loin la variable explicative la plus importante du cynisme. Les électeurs affichent également moins de cynisme que ceux qui ne votent pas. Cependant, le cynisme ne semble pas faire obstacle à la participation politique autre qu'électorale, comme signer une pétition, communiquer avec un député ou protester. D'un point de vue participatif, il s'agit peut-être d'une bonne chose, car une démocratie saine nécessite également de ses citoyens des actes de participation politique qui vont au-delà du simple fait de voter.

Bibliographie

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Blais, A. Gidengil E. Nadeau, R. et N. Nevitte, 2002, Anatomy of Liberal Victory. Peterborough : Broadview Press.

Cappella, J.N. et K.H. Jamieson, 1997, Spiral of cynicism: The press and the public good, New York : Oxford University Press.

Chaloupka, W., 1999, Everybody Knows: Cynicism in America, Minneapolis/London : University of Minnesota Press.

Gélineau, F., 2013, Qui participe? Examen approfondi des résultats de l'Enquête nationale auprès des jeunes, rapport final, préparé pour Élections Canada.

Goldfarb, J., 1991, The cynical society: The culture of politics and the politics of culture in American Life, Chicago/London : The University of Chicago Press.

Rubenson, D. Blais, A. Fournier, P. Gidengil E. et N. Nevitte, 2004, « Accounting for the age gap in turnout », ActaPolitica, 39 (4): 407-421.

Appendice

Cynisme politique

La variable dépendante est le cynisme politique, pour lequel nous avons gardé la même mesure que Rubenson et coll. (2004). Le cynisme politique correspond à l'indice associé à quatre questions : Veuillez me dire si vous n'êtes pas du tout d'accord ou si vous êtes plutôt en désaccord, plutôt d'accord ou tout à fait d'accord avec les affirmations suivantes. a) Je ne pense pas que le gouvernement se soucie de ce que pensent les gens comme moi (QF2c); b) Tous les partis politiques sont du pareil au même; il n'y a pas vraiment de choix (QF2b); c) Que pensez-vous des politiciens en général? (QF3); d) Que pensez-vous des partis politiques? (QF4) (les deux dernières questions sont mesurées sur une échelle de 100 points, où 0 = perçus très négativement, et 100 = perçus très positivement). L'indice est la somme des quatre cotes, divisée par quatre (au moyen de valeurs allant de 0 à 1).

Âge

Notre variable âge est répartie en cinq groupes d'âge : 18 et 19 ans, de 20 à 24 ans, de 25 à 29 ans, de 30 à 34 ans et 35 ans ou plus. Les répondants considérés comme des jeunes ont au plus 34 ans (comme Gélineau, 2013).

Sexe

Le sexe est une variable dichotomique où hommes = 0 et femmes = 1.

Revenu

Le revenu est une variable dichotomique comportant deux catégories : revenu annuel inférieur à 40 000 $ (code 0) et revenu annuel supérieur à 40 000 $ (code 1).

Niveau de scolarité

Le niveau de scolarité est une variable dichotomique comportant deux catégories : les répondants ayant obtenu leur diplôme d'études secondaires et ceux ayant fait des études postsecondaires, soit un peu d'études collégiales ou commerciales, l'obtention d'un diplôme d'études collégiales ou commerciales, un peu d'études universitaires ou un diplôme universitaire (BA, MA ou doctorat).

Occupation

La variable occupation est répartie en trois catégories : les répondants ayant un emploi, ceux n'ayant pas d'emploi et les étudiants à temps plein (ceux qui signalent faire actuellement des études ou suivre un programme de formation et ceux qui ont déclaré avoir un emploi ou être travailleur indépendant et faire des études ou suivre un programme de formation en parallèle).

Les variables sociodémographiques suivantes sont toutes dichotomiques : Autochtones, minorité visible, handicaps, cadre de vie (milieu rural ou urbain).

Langue

Pour la variable langue, nous avons conservé les trois catégories initiales : anglais, français et autre langue en tant que langue maternelle.

Efficacité personnelle

L'efficacité personnelle (QF2D) est une variable dichotomique tenant compte de l'opinion des gens qui croient qu'en votant ils peuvent contribuer à changer les choses (code 0 pour les personnes ayant répondu « pas du tout d'accord » et « plutôt en désaccord » et code 1 pour les personnes ayant répondu « plutôt d'accord » et « totalement d'accord » à la question de savoir si elles croient que leur vote peut changer les choses).

Socialisation

La socialisation (QG1) est une variable dichotomique (où 0 = « jamais » et 1 = « parfois » ou « souvent ») à la question : « Lorsque vous étiez jeune, à quelle fréquence parliez-vous de politique ou du gouvernement à la maison? »

Éducation civique

L'éducation civique est également une variable dichotomique créée à partir d'un indice combinant deux questions : « À l'école secondaire, avez-vous suivi des cours sur les systèmes de gouvernement ou sur la politique? » (code « 1 » pour la réponse oui et « 2 » pour la réponse non) et « Avez-vous participé à une simulation d'élections à l'école primaire ou secondaire, par exemple Vote étudiant? » (code « 1 » pour la réponse oui et « 2 » pour la réponse non).

Devoir

Le devoir est une variable dichotomique créée grâce à un indice combinant deux questions ayant pour but de déterminer si le répondant croit que voter est un devoir ou un choix (code « 0 » si c'est un choix et « 1 » si c'est un devoir).

Intérêt

Afin de mesurer l'intérêt envers la politique, nous avons créé deux variables semblables à celles utilisées par Gélineau (2013).

Tout d'abord, l'intérêt par rapport à l'élection est une variable dichotomique qui repose sur la question : « Dans l'ensemble, quel était votre niveau d'intérêt pour la dernière élection fédérale? » Nous avons ensuite créé deux catégories, la première étant l'intérêt faible (« pas du tout intéressé(e) » et « pas très intéressé(e) »), et la deuxième, l'intérêt élevé (« plutôt intéressé(e) » et « très intéressé(e) »).

Ensuite, l'intérêt envers la politique est semblable à la première variable de l'intérêt et repose sur la question suivante : « Jusqu'à quel point vous intéressez-vous à la politique canadienne? Diriez-vous que vous êtes "pas du tout intéressé(e)", "pas très intéressé(e)", "plutôt intéressé(e)" ou "très intéressé(e)"? » Encore une fois, nous avons créé deux catégories : faible intérêt – les répondants indiquant n'être pas du tout intéressés ou pas très intéressés par la politique, et intérêt élevé – les répondants indiquant être plutôt intéressés ou très intéressés par la politique.

Média : source principale d'information sur la campagne

La variable média a été créée compte tenu de la source principale d'information sur la campagne (indice de 8 choix sur 13). Les sources principales signalées étaient Élections Canada, la CIE, les journaux, la télévision, le site Web d'un média, un blogue ou une autre source Web, la radio et la famille ou les amis. La télévision a servi de catégorie de référence, car il s'agissait de la principale source d'information sur la campagne la plus fréquemment mentionnée. Les autres choix ont été inclus dans la catégorie « autres sources », soit le gouvernement, le courrier général, les dépliants de candidats reçus par la poste, etc.

Vote en 2015

La variable vote en 2015 est une variable dichotomique où le code 1 représente ceux qui ont voté et le code 0, ceux qui se sont abstenus de voter à la dernière élection fédérale de 2015.

Fréquence de la participation électorale

La fréquence de la participation électorale est une variable dichotomique où le code 0 représente les répondants ayant déclaré n'avoir voté à aucune élection ou avoir voté à certaines d'entre elles (fédérales, municipales, provinciales) et le code 1 représente les répondants ayant déclaré avoir voté à la plupart d'entre elles ou à toutes les élections (QB1).

Discussion politique

La variable discussion politique est un indice établi par la combinaison de deux questions (QG2B et QG2C) : « Et maintenant, à quelle fréquence parlez-vous de politique ou du gouvernement avec les personnes ou les groupes suivants : amis/famille? » Comme ce ne sont pas tous les choix qui étaient applicables aux répondants, nous avons conservé les choix amis et famille et supprimé ceux mentionnant une épouse/un époux, les collègues de travail ou les camarades de classe.

Participation politique

La participation politique est un indice combinant cinq questions concernant des gestes politiques posés au cours des 12 derniers mois, y compris les suivants : « a communiqué directement avec un politicien pour lui donner son point de vue sur une question »; « a pris part à une manifestation ou à une marche de protestation »; « a signé une pétition »; « a affiché une enseigne pour un parti ou un candidat pendant la campagne électorale »; « a participé à une activité organisée par un parti ou un candidat pendant la campagne électorale » (toutes les variables sont dichotomiques – code « 1 » pour oui et « 2 » pour non).

Connaissances politiques

Les connaissances politiques sont une variable dichotomique créée au moyen d'un indice combinant cinq questions : « Quel parti a remporté le plus grand nombre de sièges lors de l'élection fédérale du 19 octobre? » (QI1); « De quel ordre de gouvernement relève d'abord l'éducation – fédéral, provincial ou municipal? » (QI2); « De quel ordre de gouvernement relève d'abord l'assurance-emploi – fédéral, provincial ou municipal? » (QI3); « Quel est le nom du premier ministre de votre province ou territoire? » (QI4); « Quel poste ou quelles fonctions politiques David Cameron occupe-t-il maintenant? » (QI5).

L'indice a ensuite été réparti en deux catégories : connaissances politiques faibles et connaissances politiques élevées.

Éducation civique

L'éducation civique est un indice combinant deux questions, une demandant au répondant s'il a suivi un cours sur le gouvernement ou la politique à l'école secondaire (dichotomique), et l'autre ayant trait à la participation à une simulation d'élections à l'école primaire ou secondaire (dichotomique).


Note 1 Nous aimerions remercier Alexandre Blanchet et Filip Kostelka pour l'aide, les commentaires et les suggestions qu'ils nous ont fournis.

Note 2 Pour tous les répondants.

Note 3 La variable dépendante est le cynisme politique, pour lequel nous avons gardé la même mesure que Rubenson et coll. (2004). Le cynisme politique correspond à l'indice associé à quatre questions : Veuillez me dire si vous n'êtes pas du tout d'accord ou si vous êtes plutôt en désaccord, plutôt d'accord ou tout à fait d'accord avec les affirmations suivantes. a) Je ne pense pas que le gouvernement se soucie de ce que pensent les gens comme moi (QF2c); b) Tous les partis politiques sont du pareil au même; il n'y a pas vraiment de choix (QF2b); c) Que pensez-vous des politiciens en général? (QF3); d) Que pensez-vous des partis politiques? (QF4) (les deux dernières questions sont mesurées sur une échelle de 100 points, où 0 = perçus très négativement, et 100 = perçus très positivement.). L'indice est la somme des quatre cotes, divisée par quatre (au moyen de valeurs allant de 0 à 1).

Note 4 Pour de plus amples renseignements sur les variables, voir l'appendice.

Note 5 Sur une échelle de 0 à 100.

Note 6 Pour de plus amples renseignements sur les variables, voir l'appendice.