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Une analyse comparative du vote électronique


Conclusion

Cette étude conclut qu'aucun modèle particulier de vote à distance ou par Internet mis en œuvre ailleurs dans le monde n'est directement applicable au Canada. Une sélection judicieuse de moyens mis à l'essai dans d'autres administrations est la meilleure façon de garantir l'intégrité du système électoral canadien. Afin de trouver les méthodes qui réussiront au Canada, il faut mener plus de recherches et de projets pilotes en matière de vote à distance par Internet. Bien que la recherche théorique ait ses avantages, seule la mise à l'essai peut définir les répercussions que le vote par Internet aurait sur le système électoral démocratique canadien.

La recherche interdisciplinaire pourrait nous aider davantage à déterminer quelles variantes des modèles seraient les plus pertinentes dans le contexte canadien. Plus particulièrement, il serait utile de recueillir des données additionnelles sur les attitudes des électeurs, qui corroboreraient leur niveau de confort et de confiance à l'égard de la technologie Internet et de méthodes particulières de vote par Internet. Il serait également utile d'évaluer les probabilités selon lesquelles les Canadiens se prévaudraient du système de vote par téléphone. De plus, il importerait d'étudier certaines caractéristiques régionales et sociodémographiques relatives à l'utilisation probable de méthodes de vote électronique.

Il serait utile que les organismes électoraux canadiens élaborent certains principes ou repères qui tiendraient compte des attentes des Canadiens en matière de vote électronique. Cela pourrait inclure, voire élargir, les valeurs et les principes opérationnels comme le maintien de l'intégrité du système électoral, un accès accru et un côté pratique pour les électeurs, le potentiel d'une hausse du taux de participation électorale, l'innovation et le maintien à la fois des traditions et des usages, une amélioration de la rapidité du dépouillement et du dévoilement des résultats, le maintien et l'amélioration du caractère inclusif du processus électoral, la possibilité de répondre aux changements technologiques et d'attitudes de la société, la préservation et l'augmentation de la transparence du système, la possibilité de continuer à gagner la confiance du public et à la maintenir, et la garantie de la rentabilité. Il serait aussi avantageux de poursuivre la recherche sur les logiciels, les protocoles de sécurité et les méthodes d'évaluation des risques.

Les mises à l'essai et les projets pilotes sont les seules façons de savoir ce qui fonctionne ou pas. La mise à l'essai de méthodes particulières fournit les meilleurs indices permettant de comprendre les critères à respecter pour que le vote par Internet soit une réussite au Canada, ainsi que les avantages et les inconvénients véritables des méthodes électroniques. Une élection partielle peut être un bon point de départ pour ce faire, mais il faudrait un essai à plus grande échelle avant d'introduire le vote par Internet partout au pays. Un essai régional, ou dans un regroupement de circonscriptions choisies, représentatives d'une région, est aussi une approche pratique pour une mise à l'essai. On ne pourra offrir le vote à distance par Internet comme option viable pour tous les électeurs canadiens, en complément à la méthode de vote traditionnelle, qu'après avoir procédé à de tels essais.

Un examen minutieux de la documentation sur le vote par Internet et sur les projets pilotes menés par de nombreuses administrations porte à croire que les positions extrémistes, tant positives que négatives, des répercussions du vote par Internet, sont surévaluées. Le vote par Internet n'est pas la solution miracle au désintérêt des électeurs, et il ne redressera pas non plus les attitudes négatives envers les entités politiques. Il permettra toutefois d'offrir plus de possibilités de voter et rendra l'expression des suffrages plus facile. Par ailleurs, le vote par Internet n'est pas une menace à la démocratie, et les risques d'achat de votes et de fraudes ne sont pas plus grands qu'ils ne le sont dans le système actuel. Internet changera sûrement le paysage politique du Canada, qu'il devienne ou non une méthode de vote, puisqu'il fait déjà sentir son influence sur les campagnes électorales et l'administration des élections en général. Bien que certaines inquiétudes bien fondées méritent notre attention et qu'on doive en tenir compte dans la conception de nos modèles, le succès du vote par Internet dans d'autres administrations démontre qu'on peut le mettre en œuvre et qu'il contribue effectivement à améliorer le processus électoral pour les électeurs et ceux qui administrent les processus électoraux.

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