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Participation électorale des Autochtones au Canada

Conclusion

Le taux de participation électorale des Canadiens autochtones accuse un retard par rapport à celui de leurs homologues non autochtones. La participation électorale occupe une place prépondérante dans les activités participatives. En réalité, d'aucuns considèrent qu'il s'agit du principal acte de citoyenneté dans une société démocratique. Le fait que la participation soit significativement plus faible dans l'ensemble d'un sous-groupe de la population canadienne constitue une grande source de préoccupation.

Dans le présent rapport, nous avons tenté d'expliquer les variations dans la participation des Autochtones et de trouver des moyens de remédier à cette disparité. Nous avons conclu que les déterminants de la participation autochtone ne sont pas si différents des déterminants de la participation non autochtone. La décision d'exercer son droit de vote dépend du sens du devoir civique et d'un niveau minimal de ressources politiques; les personnes déjà inscrites sont plus susceptibles de voter, de même que celles qui ont les ressources pédagogiques et matérielles nécessaires pour s'orienter dans le monde politique.

Nous tenons à souligner que nos constatations peuvent contraster avec les déterminants de la participation électorale des Autochtones qui ont été relevés par le passé. Premièrement, aucun des constats individuels fournis par le passé ne prenait en compte les ressources politiques ni le sens du devoir civique. Comme notre étude l'a démontré, ces réalités sont au cœur de la décision de voter chez les Autochtones (et les non-Autochtones). Deuxièmement, nos constatations soulignent les effets négatifs sur la participation liés à la résidence dans les réserves. Aucune étude antérieure n'avait mis ce fait en lumière. Nous sommes probablement arrivés à ce résultat grâce à l'échantillon élargi utilisé pour les besoins de notre étude. Troisièmement, bien que nos résultats bivariés laissent entendre que certaines croyances à l'égard du système démocratique canadien influent sur la décision de voter, ces dernières n'occasionnent généralement pas d'incidence indépendante des ressources politiques et du devoir civique.

Fait encore plus important à noter, notre rapport met en évidence les raisons qui sous-tendent la faible participation des Canadiens autochtones. L'écart dans les taux de participation des Autochtones et des non-Autochtones s'explique entièrement par le lieu de résidence (dans une réserve ou en dehors d'une réserve), l'âge, le niveau de scolarité, le revenu, les ressources politiques et le devoir civique. Les Autochtones exerceraient leur droit de vote dans la même proportion que les non-Autochtones si ce n'était de leur taux d'inscription plus faible, de leurs ressources politiques réduites, d'un sens du devoir civique moins développé, de leur moyenne d'âge moins élevée et de leur position socioéconomique moins enviable.

D'après ces constatations, nous avons formulé plusieurs recommandations stratégiques, notamment les suivantes : Élections Canada devrait concentrer ses efforts sur les Autochtones des réserves et les jeunes Autochtones; on devrait s'employer à concevoir des programmes visant à accroître l'intérêt et les connaissances politiques ainsi qu'à renforcer le sens du devoir civique, puis à les évaluer rigoureusement; et il faudrait simplifier l'inscription. Ces tâches n'ont rien de simple et elles exigent toutes des ressources matérielles et des efforts concertés. Cependant, on ne peut mettre trop d'accent sur les avantages du succès. En moyenne, les collectivités autochtones sont beaucoup plus jeunes que les collectivités non autochtones. Par conséquent, les programmes qui réussiront à accroître la participation électorale des jeunes Autochtones conféreront à l'un des segments de la population canadienne en pleine croissance une influence politique accrue à l'avenir. Il s'agit là d'un objectif des plus louables.