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Rapport sur l'Enquête nationale auprès des jeunes : Analyse de la participation politique et civique de sous-groupes de jeunes Canadiens

Table des matières

Note au lecteur

Le présent rapport (traduit de l'anglais) a été présenté lors de la conférence « Youth Political Participation: On the Diverse Roads to Democracy » (participation politique des jeunes : les voies diversifiées vers la démocratie), tenue les 16 et 17 juin 2016, à Montréal (Québec).

Sommaire

La 42e élection fédérale du Canada a été tenue le 19 octobre 2015. Il s'agit de la première élection fédérale à avoir eu lieu en vertu des lois sur les élections à date fixe, et la campagne, qui a duré 78 jours, a été une des plus longues de l'histoire canadienne. Le taux de participation officiel a été de 68,3 %, une augmentation de 7 points de pourcentage comparativement à l'élection fédérale précédente de 2011, et il s'agit de la deuxième élection fédérale consécutive où le taux de participation a augmenté. Des données probantes récentes sur la participation au scrutin des jeunes au Canada ont laissé entendre que, entre autres, le taux de participation des jeunes est inférieur à celui des adultes plus âgés (p. ex. Barnes et Virgint, 2010); que cet écart peut s'expliquer en partie par une évolution générationnelle des attitudes, ce qui pourrait entraîner une diminution de la participation électorale au fil du temps (Blais et coll., 2004; Blais et Loewen, 2011); et qu'il y a un écart important entre les différents sous-groupes de jeunes quant à la propension à participer au scrutin (Gélineau, 2013).

Dans le présent rapport, nous analysons des données de l'Enquête nationale auprès des jeunes 2015 pour évaluer la situation quant à la participation des jeunes Canadiens à la vie politique et civique. Plus précisément, nous tentons de déterminer la mesure dans laquelle les jeunes votent et participent à d'autres formes d'activités politiques et civiques, les facteurs qui expliquent les écarts entre le taux de participation des jeunes citoyens et des citoyens plus âgés, la mesure dans laquelle la participation est semblable entre les différents sous-groupes de jeunes et les facteurs qui pourraient expliquer les écarts potentiels quant à la participation.

Conformément à des travaux antérieurs, nos conclusions principales révèlent un écart entre la participation autodéclarée par les jeunes adultes et les adultes plus âgés en ce qui concerne le fait de voter, mais pas en ce qui a trait à la plupart des autres formes de comportements politiques et civiques. Le taux de participation signalé par les jeunes Canadiens âgés de 34 ans ou moins est environ de 20 points de pourcentage inférieur à celui des citoyens plus âgés. Pour ce qui est des autres formes de participation, même si les jeunes adultes sont moins susceptibles de communiquer avec des politiciens, ils ne sont pas loin derrière les Canadiens plus âgés en ce qui a trait à la participation politique générale ou à l'engagement civique (p. ex. bénévolat ou participation à des réunions communautaires).

La principale raison pour laquelle les jeunes votent moins et sont moins susceptibles de communiquer avec des politiciens peut être surtout expliquée par les différences dans les attitudes politiques. Les jeunes sont moins intéressés par la politique et la connaissent moins, et sont moins susceptibles de croire que voter est un devoir civique. Ils sont également moins susceptibles d'être mobilisés par des partis politiques et de recevoir la carte d'information de l'électeur d'Élections Canada. Cependant, cette mobilisation moindre a contribué seulement légèrement au fait que les jeunes ont moins tendance à participer. De même, la situation socioéconomique des jeunes n'explique pas pourquoi ils participent moins. En fait, si les jeunes Canadiens possédaient les mêmes caractéristiques socioéconomiques que les Canadiens plus âgés, nous estimons que l'écart entre les taux de participation électorale serait encore plus marqué. Globalement, pour paraphraser une formule classique établie par Sidney Verba et ses collègues (1995, p. 15), les jeunes participent moins que les électeurs plus âgés, non pas parce qu'ils « ne le peuvent pas » ou que « personne ne le leur a demandé », mais plutôt parce que, principalement, « ils ne le souhaitent pas ».

Il se peut que le taux de participation autodéclarée par les jeunes Canadiens soit moins variable entre les groupes de jeunes que par le passé. Une importante constatation de la présente recherche est que, contrairement à ce à quoi on pourrait s'attendre, les jeunes Autochtones ont signalé avoir voté en 2015 dans la même mesure que les jeunes non-Autochtones. En outre, après la prise en compte des différences au chapitre des ressources socioéconomiques, des attitudes politiques et de l'incidence de la mobilisation, la proportion de jeunes Autochtones ayant signalé avoir voté était de 6 points de pourcentage supérieure à celle des jeunes non-Autochtones. Pour ce qui est des autres sous-groupes de jeunes, seuls les jeunes sans emploi et ceux vivant en milieu rural étaient beaucoup moins susceptibles de participer à tous les types d'activités politiques et civiques. Cela peut s'expliquer par le désavantage relatif de ces répondants en ce qui concerne les ressources socioéconomiques et leur faible niveau de connaissances politiques. Fait important, nous montrons également que le fait d'avoir des enfants crée des obstacles supplémentaires à la participation électorale des jeunes femmes, mais pas des jeunes hommes (c.-à-d. les jeunes mères participent beaucoup moins, mais pas les jeunes pères).

À la lumière de nos conclusions principales et secondaires, nous recommandons qu'Élections Canada (EC) effectue une coordination avec les établissements d'enseignement et propose de nouvelles activités novatrices pour faire en sorte que les jeunes citoyens soient plus intéressés aux processus politiques et les connaissent mieux. EC devrait coopérer avec d'autres autorités pertinentes pour déployer des efforts soutenus afin de promouvoir l'engagement envers la démocratie et d'expliquer ses exigences à tous les niveaux d'enseignement et au-delà. EC devrait élaborer des stratégies pour promouvoir l'inscription et les nouvelles inscriptions (après un déménagement), surtout auprès des jeunes électeurs, qui présentent un degré particulièrement élevé de mobilité résidentielle. EC devrait envisager de nouvelles façons de joindre les jeunes citoyens, comme la diffusion par voie électronique de copies de carte d'information de l'électeur. Enfin, EC devrait déployer des efforts supplémentaires pour qu'il soit plus facile pour les jeunes familles en général de voter, mais plus particulièrement pour les jeunes mères.